Hôpital : 'Y a-t-il une crise du bloc ?'

"C’est ce que se demande la nouvelle revue Hôpitaux Magazine.
Le trimestriel consacre un dossier au sujet, et publie notamment un entretien avec le Pr Guy Vallancien, chef du service d’urologie à l’Institut mutualiste Montsouris, à Paris. Le praticien revient sur son rapport sur l’état de la chirurgie en France, et déclare : 'Je voudrais dire que contrairement à ce qui a été dit dans la presse, le rapport ne dit pas qu’il faut fermer les structures [qui réalisent moins de 2 000 actes par an]'.
'On a simplement indiqué qu’il y avait des blocs opératoires en sous-activité chronique et avec un nombre insuffisant de chirurgiens. On sait dans le métier que ceux qui travaillent bien sont ceux qui répètent régulièrement leurs gestes', poursuit Guy Vallancien.
Le spécialiste note que 'ce rapport a fait beaucoup parler. [...] Il a fait râler ceux qui s’étaient engagés sans trop savoir pourquoi dans la voie du maintien forcené de leur bloc opératoire et de leur maternité. Le tout bien souvent sous la pression des médecins mêmes de l’hôpital qui s’appuient sur les associations de défense des usagers qui elles, ne savent pas forcément quels sont les risques encourus par la population lorsqu’on maintient un petit service de chirurgie'.
Guy Vallancien ajoute que 'maintenir un petit service de chirurgie, c’est risqué ! [...] Il faut reconnaître que le chirurgien qui sait tout faire, c’est fini ! La spécialisation est passée par là et aucun Français ne souhaite vraiment être opéré aujourd’hui par quelqu’un qui fait à la fois les yeux, la tête, le thorax et l’abdomen ! Or, si l’on veut exercer dans une spécialité, il faut aussi être en nombre suffisant pour assurer la continuité des soins.'
Le praticien estime enfin qu’'il y a de la résistance parce que les Français sont traditionalistes. Très inventifs isolément, totalement figés collectivement ! Il y a de ce point de vue là une responsabilité évidente des médecins et des élus. Les premiers responsables de cette inertie sont en effet les médecins, notamment les chirurgiens qui ont été parfois en première ligne dans ces combats pour garder leur emploi'.
Hôpitaux Magazine publie en outre un texte du Pr Marc Zerbib, chirurgien urologue à l’hôpital Cochin, sur 'le métier de chirurgien'.
Le praticien écrit notamment que 'le chirurgien était il y a une trentaine d’années le roi de l’hôpital, il en est aujourd’hui le pigeon : celui qui a eu tort de s’engager dans une profession qui a si peu d’avantages pour tant d’inconvénients'.
'Mais je crois que ces difficultés relèvent d’une phase transitoire. Le métier de chirurgien est en mouvement rapide, il se transforme et va nécessairement progresser par le renouvellement des techniques dans les années à venir. La vocation va réapparaître, du moins on peut l’espérer', poursuit Marc Zerbib."

Source :
Hôpitaux Magazine numéro 1
Revue de presse rédigée par Laurent Frichet (Médiscoop)

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