Fibromes utérins : IRM et ultrasons focalisés remplacent la chirurgie

"Le 12 juillet, une patiente souffrant d'un fibrome utérin a pu bénéficier du tout nouveau traitement non invasif proposé par le CHU de Tours. En effet, l'établissement est le premier hôpital de France à se doter de l'ExAblate® 2000. Ce dispositif thérapeutique non invasif allie l'imagerie par résonance magnétique à des ultrasons focalisés. Il peut révolutionner le traitement des tumeurs utérines en réduisant le recours l'hystérectomie (ablation chirurgicale de l'utérus), la myomectomie (ablation d'un fibrome sous-muqueux), l'embolisation (injection d'un embole synthétique pour obstruer l'artère correspondante) et/ou traitement médicamenteux. Autre avantage, le temps de récupération est considérablement raccourci, passant de 6 à 8 semaines à 36 heures voire 24."

"'Le 12 juillet 2007 est un jour symbolique avec notre première patiente traitée. Nous sommes très fiers d'être le premier hôpital en France à disposer d'une technique de pointe aussi révolutionnaire et performante pour la gynécologie. L'ExAblate® 2000 nous permet de localiser le fibrome, de planifier le traitement, puis de réaliser une ablation sans incision grâce à l'énergie des ondes ultrasonores focalisées', se réjouit le Professeur François Tranquart, médecin responsable de l'Unité médicale Ultrasons du CHRU de Tours.

L'IRM apporte une mesure en temps réel de l'élévation de la température atteinte dans les tissus à détruire, ce qui assure l'efficacité de l'opération et la sécurité de la patiente. Cette méthode permettra une meilleure prise en charge de la patiente, du fait de sa nature non invasive, de l'absence d'anesthésie et d'un temps de récupération très court. A titre comparatif, l'ExAblate® 2000 permet un retour à une activité normale en un jour et demi, alors qu'une hystérectomie ou une myomectomie nécessitent 18 jours d'immobilisation ainsi que six à huit semaines de retour à une activité normale."

Une séance avec l'ExAblate® 2000

"Pendant le traitement avec l'ExAblate® 2000, la patiente est allongée dans l'appareil IRM qui fournit des images tridimensionnelles du fibrome et des tissus environnants, permettant un guidage précis des ondes ultrasonores vers les tissus visés. Ces ondes sont dirigées au travers des tissus et, au point focal, vont provoquer une élévation de la température des tissus ciblés, entraînant leur destruction. L'IRM Signa de GE Healthcare permet de contrôler le résultat du traitement en mesurant en temps réel la dose thermique reçue par le tissu visé.

Les fibromes utérins, tumeurs bénignes (non cancéreuses) de l'utérus les plus fréquentes chez les femmes, engendrent divers symptômes tels que des saignements abondants parfois en dehors de la période des règles, des douleurs ou des sensations de pesanteurs pelviennes, une incontinence ou une augmentation de la fréquence urinaire. Une femme sur quatre souffre de fibrome utérin, le plus souvent entre 30 et 50 ans. Également appelés myomes, les fibromes utérins ne seraient pas associés à un risque accru de cancer de l'utérus. Chaque année, environ 150 000 femmes subissent une hystérectomie (...) en France."

Les ultrasons :

"L'expertise du CHRU de Tours Les travaux portés par l'unité INSERM 619 et le Centre d'Innovation Technologique de Tours (CIT) concernent notamment les capteurs ultrasonores et le traitement de signal. Ces recherches sont menées en partenariat avec les industriels du secteur. Les applications cliniques concernent les nouvelles méthodes diagnostiques de lésions variées mais aussi les nouvelles applications thérapeutiques comme le fibrome utérin et en oncologie au sein du Cancéropôle Grand-Ouest. Le CIT de Tours est coordonnateur d'un réseau appelé CDTU 'Cancer diagnosis and treatment by ultrasound' au sein duquel l'axe thérapeutique ultrasonore a été clairement identifié. Ceci se renforcera au travers de la mise en place d'une plateforme nationale de traitement par ultrasons guidés par RMN.

Les pôles d'Imagerie, de Gynécologie-Obstétrique et d'Anesthésie du CHRU de Tours collaborent depuis longtemps pour la prise en charge de nouvelles méthodes de diagnostic et traitement. C'est ainsi qu'a pu se développer précédemment une méthode de traitement conservatrice de fibromes utérins par embolisation en alternative à la myomectomie chirurgicale pour des situations sélectionnées. Par ailleurs la prise en charge moderne de pathologies implique une approche multidisciplinaire pour guider le choix thérapeutique, la mise en oeuvre et le suivi des patientes afin d'assurer un traitement efficace et sans risques."

Source :
Réseau CHU Newsletter
Newsletter N°376 - 17/07/2007

Les équipes de l'Institut de Recherche contre les Cancers de l'Appareil Digestif (IRCAD)

Quatrième émission "Sept minutes pour une vie", Magazine de la santé (France 5) :

Au coeur de l'Hôpital Civil de Strasbourg, l'IRCAD, un institut à l'américaine, a choisi d'associer médecins et entreprises privées pour développer recherches sur les cancers de l'appareil digestif et technologies de pointe liées à la chirurgie mini invasive et la coelioscopie. Ici s'entraînent les chirurgiens, tandis que les chercheurs, roboticiens et informaticiens travaillent sur des applications spectaculaires.


"'Robot in touch' est un robot mobile, muni d'une caméra et d'un micro. Il réunit les avantages de la micro-conférence et de la mobilité par téléguidage. Utilisé aux Etats-Unis afin de permettre aux médecins d'effectuer leur visite hospitalière de chez eux (lorsqu'ils sont en arrêt maladie par exemple), il tient ici un rôle pédagogique. Ici, le robot expert permet au chiurgien de superviser à distance une formation. 'Placez l'agraffeuse dedans ! Vous avez déjà fait la suture ?', demande le chirurgien superviseur via le robot. A l'avenir, ce type de robot pourrait permettre à n'importe quel chirurgien de bénéficier de l'expertise d'un spécialiste situé à l'autre bout du monde. Le 'robot in touch' est encore en évaluation à Strasbourg, mais un autre robot est déjà utilisé dans le bloc opératoire du CHU. Demain, il opérera une jeune femme obèse, une opération appelée 'gastric bypass' (pontage gastrique), une dérivation du système digestif."

"Le Dr. Michel Vix, chirurgien digestif, CHU de Strasbourg, explique :
'L'intervention va consister à couper l'estomac en deux parties. On garde une petite poche gastrique, c'est l'équivalent d'un demi verre à boire, ce n'est pas grand-chose. Au niveau de l'intestin, on va couper à environ 75 cm après la sortie de l'estomac, puis on va faire un montage : prendre l'intestin qui va vers le colon, attacher cet intestin sur la petite poche gastrique. L'avantage, c'est qu'il y a des hormones qui sont sécrétées par l'estomac, et comme l'alimentation ne passe plus devant ces usines à hormones, elles ne sont pas sécrétées, ce qui vous empêche d'avoir faim dans les premiers temps après l'opération.'

Le Dr. Vix souligne l'importance de cette opération et de ses conséquences :
'Ce n'est sûrement pas une opération de confort, c'est une intervention d'amélioration de leur santé à moyen et à long terme. Il y a des bénéfices immédiats, avec un diabète qui peut diminuer, lorsqu'on fait un pontage gastrique, quasiment du jour au lendemain. C'est un mécanisme encore mal expliqué mais qui existe bien. Il y a également une possibilité de bouger beaucoup plus facilement chez ces patients. Il y aura moins de douleurs articulaires. Ils seront moins gênés par leurs rondeurs pour se baisser, etc. Il y a bien entendu un habillement qui sera beaucoup plus facile.'
La patiente qui va être opérée pèse actuellement 109 kgs. Avec cette intervention, elle espère perdre 40 à 50 kgs. 'Je ne me sentais pas bien dans ma peau', dit la patiente. 'J'ai essayé plusieurs régimes. J'en avais marre de jeter de l'argent par les fenêtres, donc je me suis dit qu'il fallait que je fasse quelque chose pour de bon.'

La chirurgie de l'obésité existe depuis longtemps. L'usage de la coelioscopie, aussi appelée laparoscopie, a révolutionné cette discipline en réduisant les risques post-opératoires, surtout pour les patients associant obésité et diabète. Pour réaliser cette opération, le chirurgien va introduire dans l'abdomen de la patiente une caméra et des instruments grâce à des trocarts, ces cylindres de 8 à 10 mm. Mais en plus il va s'appuyer sur un robot téléguidé, seule machine capable aujourd'hui d'offrir une vision en relief, grâce à ses deux caméras qui remplacent les yeux. David Douglas, de la société Intuitive Surgical Europe, formateur sur le robot da Vinci ™ à l'IRCAD :
(Intuitive Surgical fabrique et commercialise le système de chirurgie assistée par ordinateur da Vinci™):
'Pour obtenir une image 3D, c'est comme nous : on a deux yeux. Chaque oeil capte une image en deux dimensions, ces deux images sont fusionnées dans notre cerveau pour avoir une notion de profondeur. Le système, c'est la même chose que les yeux. Donc véritablement, les yeux du chirurgien sont plongés dans le patient. C'est comme s'il s'y trouvait avec ses deux yeux.'

L'opération commence par une coelioscopie classique. Le chirurgien pose un repère sur l'intestin qu'il va court-circuiter : 'Nous allons mettre un repère coloré sur cette hanse biliaire de manière à être certain de ne pas monter la mauvaise hanse après.' Puis il relie les hanses alimentaire et biliaire à l'aide d'une agrafeuse électrique qui, dans le même geste, sectionne les tissus et suture chacun des côtés. C'est ce qu'on appelle une anastomose. Le chirurgien : 'Il va falloir simplement maintenant que nous fermions les trous d'introduction de la hanse avec du fil, et pour cela nous allons utiliser le robot.'

Une fois stérilisé, le robot vient remplacer les chirurgiens auprès du patient. A la place des instruments coelioscopiques, on introduit la caméra et les outils électroniques qui s'emboîtent sur les bras du robot. Ici, il s'agit de pinces de quelques millimètres, idéales pour réaliser une suture délicate. Le chirurgien à la console du 'robot' da Vinci™, qui est en fait un système de chirurgie assistée par ordinateur :
'Je peux trembler sur ma console, le tremblement ne se verra pas sur mes instruments, puisqu'il y a une certaine filtration [de ces tremblements ndlr], et que les mouvements qui sont précis de quelques millimètres à l'intérieur de l'abdomen sont démultipliés. Donc je peux avoir des grands mouvements à l'extérieur (à la console), qui seront extrêmement précis à l'intérieur.'

Aussi habile de la pince gauche que de la pince droite, le robot offre aux chirurgiens une plus grande précision, et ses bras peuvent réaliser des rotations impossibles à effectuer par un poignet humain. Grâce au robot, le chirurgien a pu sans effort se frayer un chemin à travers la graisse pour atteindre l'estomac. Il va maintenant réduire sa capacité à 20 cm cube, en le suturant avec une agraffeuse automatique. A gauche, la poche gastrique qui va rester fonctionnelle, et à droite la partie de l'estomac qui ne le sera plus mais qui va rester dans l'abdomen de la patiente. Dernière étape : rebrancher la poche gastrique avec l'intestin grêle. Cette opération se fait avec l'aide d'une agraffeuse circulaire, dont une des extrémités est introduite par la bouche pour atteindre l'intérieur de l'estomac. L'opération aura duré trois heures, d'où l'intérêt d'avoir recours à un robot pour soulager le travail des chirurgiens.

Au laboratoire de recherche en robotique, des internes étrangers suivent justement une formation sur le robot, avec travaux pratiques. Grande première pour ces chirurgiens, qui réalisent une dissection rénale sur cochon par robot interposé.
Dr. Ramon Villalonga, Interne en chirurgie : 'Ce qui est très bien, c'est la caméra. On a la sensation de profondeur. On voit la profondeur du champ et on voit très bien si on est loin ou près par rapport aux instruments, qui en fin de compte remplacent les bouts de nos doigts. La preuve, c'est que je ne me suis pas mal débrouillé pour faire la dissection de l'île rénale, même si c'était la première fois.'

Si la console du chirurgien se trouve à 5 mètres du patient, on peut imaginer opérer d'encore plus loin. En 2001, l'équipe du Professeur Marescaux a relevé le défi en réalisant, de New York, l'ablation de la vésicule biliaire d'une patiente située à Strasbourg.
David Doulgas : 'La distance n'est vraiment pas un problème. Le chirurgien est concentré sur ce qu'il doit faire. Il sait très bien qu'il est en train de travailler sur une artère rénale. Il ne regarde pas le patient, ne le touche pas, néanmoins, c'est lui qui fait la chirurgie.'

Aujourd'hui dans le monde, 600 robots comme celui-ci sont utilisés en bloc opératoire, dont 12 en France et trois à Strasbourg."

Lien pour visionner le film "7 minutes pour une vie" :
http://www.france5.fr/magazinesante

==> Article de presse :
Pontage gastrique : Attention Danger !


"Le by-pass... controversé mais efficace... dangereux et irréversible. Le jeu en vaut-il la chandelle ?

On en parle beaucoup, mais sait on exactement de quoi il s'agit : pontage gastrique ou by-pass gastrique, de quoi retourne t'il au juste?

La technique consiste à relier la partie supérieure de l'estomac à l'intestin grêle. Radicale certes, mais très populaire aux Etats-Unis ( ndlr: et malheureusement pratiqué de plus en plus souvent en France) pour lutter contre l'obésité sévère. Selon une récente étude, cette chirurgie présente de nombreux dangers pour les patients.

L'enquête, réalisée sur un panel de trois cent trente cinq personnes ayant subi cette opération entre 1998 et 2002, fait état de deux morts dans les 30 jours suivant l'opération et cinquante sept cas de complications (mauvaises cicatrisation, embolies pulmonaires, pneumonies et autres infections).

Le professeur ayant menée cette étude s'inquiète car l'opération est souvent prise comme une procédure 'cosmétique', sans envisager 'au préalable un régime ou de l'exercice'. En 2002, 63 000 personnes ont ainsi été hospitalisés pour ce pontage gastrique. Ils devraient être plus de 100 000 cette années dans tout le territoire américain.

Le protocole préconise entre autre, que cette opération soit proposée aux obèses présentant un surpoids de plus de 45 kg ou aux diabétiques de type 2.

Tout cela mérite une intense réflexion et surtout de trouver une équipe post et pré-opératoire qui applique à la lettre le protocole mis en place pour ce genre d'interventions très lourdes. Nous avons encore eu récemment des exemples de personnes ayant subit cette intervention en France alors qu'elles ne présentaient pas le profil requis par le protocole."

Source :
Article de Delf
http://www.pulpeclub.com

Les équipes de l'Institut de Recherche contre les Cancers de l'Appareil Digestif (IRCAD)

Troisième émission "Sept minutes pour une vie", Magazine de la santé (France 5) :


L'IRCAD est un Institut créé pour développer les technologies de pointe dans le domaine de la chirurgie mini invasive : une unité de recherche en robotique, qui associe informaticiens et roboticiens, travaille à mettre au point des programmes de réalité virtuelle en 3D pour permettre aux chirurgiens de planifier leur opération et limiter ainsi les risques d'erreur.


"Au coeur de l'Hôpital Civil de Strasbourg, l'IRCAD, un institut à l'américaine, a choisi d'associer médecins et entreprises privées pour développer recherches sur les cancers de l'appareil digestif et technologies de pointe liées à la chirurgie mini invasive et la coelioscopie. Ici s'entraînent les chirurgiens, tandis que les chercheurs, roboticiens et informaticiens travaillent sur des applications spectaculaires. Ce matin, 34 chirurgiens venus de 21 pays différents entament à l'institut une formation intensive à la chirurgie coelioscopique."

"Dès la création de l'Institut, le Professeur Jacques Marescaux a souhaité y associer une unité de formation des nouvelles techniques chirurgicales. Avec 3.000 médecins formés chaque année, c'est la première école de formation à la chirurgie mini invasive dans le monde.
Professeur Jacques Marescaux : 'Tout avionneur qui construit un nouvel avion, sa première priorité, c'est de former des pilotes, parce qu'il ne veut surtout pas qu'il y ait des ennuis et des complications, qu'il y ait un accident. C'est exactement la même chose : vous développez une nouvelle technologie chirurgicale, vous développez des nouveaux instruments chirurgicaux, la première chose à faire, avant que ça puisse être diffusé chez le malade, c'est de former le chirurgien.'

La demande de formation venant principalement des pays de l'Est, de l'Asie et du Moyen-Orient, l'école a dû s'adapter pour accueillir des chirurgiens de tous pays, de toutes cultures et de toutes religions [tapis de prière, ndlr].Certains médecins financent eux-mêmes leur formation, d'autres bénéficient d'une aide de leur hôpital ou de leur gouvernement. Tous en tout cas partagent l'objectif de développer l'utilisation de la coelioscopie dans leur pays.
Dr. Fadi Souleiman, chirurgien syrien : 'La chirurgie en Syrie est bien développée, mais pour ce qui est de la chirurgie sous coelio, on n'opère que de la vésicule, de la hernie, de la hernie hiatale, ce n'est pas beaucoup ! Pas beaucoup d'opérations sous coelio du colon, de l'estomac, non plus. Ici, en France, avec cette nouvelle technique, on fait presque tout sous coelio, et ça c'est très intéressant pour moi : si je peux avoir ça et ramener ça chez moi...'

Après les cours théoriques du matin, place à la pratique : l'école a reconstitué un bloc opératoire multi-postes géant. Là, 34 chirurgiens un peu décontenancés vont devoir réapprendre tous les gestes de la chirurgie ouverte pour les adapter à la technique coelioscopique.
Professeur Didier Mutter, chirurgien du CHU de Strasbourg : 'Le chirurgien change complètement sa manière d'opérer. D'une vue en trois dimensions où il regarde ses mains, il passe à un travail en deux dimensions sans regarder ses mains. Il y a toute une gestuelle à réapprendre. Ce qu'il se passe, c'est qu'on a créé ce bloc opératoire qui est à 17 postes de travail, sur lesquels on fait travailler les chirurgiens deux par deux, pour qu'ils s'aident mutuellement, qu'ils comprennent le rôle de l'assistant et le rôle du chirurgien, mais également pour qu'ils réapprennent complètement cette nouvelle gestuelle, qui est une gestuelle qui doit d'une part changer complètement la coordination main-oeil, et d'autre part apprendre à travailler en deux dimensions.'

Assistés d'un instrumentaliste qui leur prépare le matériel, et d'un instructeur qui corrige leurs gestes, les médecins vont suivre un programme opératoire de plus de quatre heures sur des cochons anesthésiés. Première étape : l'insufflation. Il s'agit de gonfler l'abdomen avec du gaz carbonique afin de créer un espace pour opérer. Les chirurgiens apprennent ensuite à poser les trocarts, ces cylindres creux, qui permettront d'introduire ensuite une mini caméra de 10 mm de large et des instruments de deux à cinq millimètres de diamètre. Ces trocarts comprennent une partie qui a une lame au bout, qui permet de sectionner les tissus et de les introduire dans la cavité abdominale.
Un instructeur explique : 'On a des instruments qui vont permettre de contrôler les artères et les veines, par exemple un instrument qui met en place des petits clips métalliques qui vont servir à prévenir l'arrivée d'une hémorragie au moment où on coupera les tissus. Il y a également des agraffeuses automatiques, qui vont aligner six rangées de micro-agraffes et au milieu, entre les rangées d'agraffes, il y a un couteau qui va couper les tissus. On va fermer l'appareil, on va descendre les agraffes, et lorsqu'on rouvre l'appareil, on voit que les tissus ont été agraffés et sectionnés au milieu. Toute hémorragie est ainsi évitée.'

L'ensemble du poste coelioscopique est maintenant en place, le formateur peut lancer les travaux pratiques du jour.
L'informateur à un chirurgien en formation : 'Vous allez enlever un segment d'intestin, dans un premier temps sous contrôle de la caméra où vous allez présenter l'intestin grêle, repérer ses vaisseaux, contrôler et coaguler et clipper les vaiseaux, ensuite réséquer un segment d'intestin en utilisant une agraffeuse automatique d'un côté, un fil de ligature de l'autre côté, sectionner les deux éléments et les remettre ensemble en utilisant de nouveau une agraffeuse automatique, exclusivement sous contrôle de la caméra.'

Même exercice à tous les postes, nos chirurgiens sont aussi concentrés que lors d'une intervention réelle et opèrent sous contrôle de leur instructeur. On entend des remarques de l'instructeur : 'Never move both hands together' ('ne bougez jamais les deux mains ensemble'), 'le fil part en avant, ce n'est pas bien'. L'intérêt d'une pratique intensive sur tissus vivant est de permettre à ces chirurgiens d'acquérir les bons réflexes. Pour y parvenir, ils vont devoir s'entraîner pendant cinq jours et répéter les mêmes gestes des centaines de fois. A nouveau le formateur, expliquant comment faire un noeud chirurgical sous coelio : 'Tu pars en avant et tu n'as pas besoin de revenir en arrière.(...) Passez dessous, et automatiquement, vous allez chercher le fil que vous avez présenté, vous le passez à travers, vous revenez, il n'y a plus qu'une main qui bouge(...)'

Coût de cette formation : plus de six mille Euros, mais un tiers seulement est payé par les participants, le reste est pris en charge par l'Institut et par ses partenaires industriels, car ces cours sont aussi un moyen efficace pour eux de faire connaître leur matériel et de vendre dans le monde entier.
Dr. Oussama Elfaedy, chirurgien lybien : 'Après la formation, si ça améliore ma pratique, j'achèterai les instruments et le matériel permettant d'opérer sous coelio. Ou bien je les ferai acheter par mon hôpital.'

La très efficace politique de communication et de formation de l'Institut se prolonge par un site internet : websurg se présente comme une véritable université virtuelle permettant aux chirurgiens du monde entier de se perfectionner. L'atelier video intégré avec ses cadreurs et ses illustrateurs a déjà produit plus de 500 videos avec 130 techniques opératoires expliquées en quatre langues."

Source :
http://www.france5.fr

Les équipes de l'Institut de Recherche contre les Cancers de l'Appareil Digestif (IRCAD)

Lien vers le site de l'IRCAD : http://www.ircad.fr

Suite de l'émission "Sept minutes pour une vie" du Magazine de la santé (France 5) :

L'Institut de la Recherche contre les Cancers de l'Appareil Digestif (IRCAD) accueille cette semaine 34 chirurgiens de toutes nationalités, venus se former à la pratique de la coelioscopie. L'Institut dispense également des cours de chirurgie mini-invasive dans le monde entier via son site web.


"Au coeur de l'Hôpital Civil de Strasbourg, l'IRCAD, un institut à l'américaine, a choisi d'associer médecins et entreprises privées pour développer recherches sur les cancers de l'appareil digestif et technologies de pointe liées à la chirurgie mini invasive : la coelioscopie. Ici, chirurgiens, chercheurs, roboticiens et informaticiens travaillent sur des applications spectaculaires. Le rêve des chercheurs de cet Institut est de parvenir à remplacer un jour le geste du chirurgien par celui d'un robot. Ils ont donc créé un département informatique et robotique où ils travaillent actuellement sur un programme de réalité virtuelle, utilisée au CHU de Strasbourg, qui permet aux chirurgiens de planifier leurs opérations."

Reconstruction 3D grâce au logiciel :

"Anne-Blandine, la manipulatrice radio, récupère les images scanner d'une patiente qui va être opérée d'une tumeur sur la glande surrénale. Point par point, elle va reconstituer en 3D l'intérieur de l'abdomen de la patiente : 'Ce qui va être important, c'est de montrer au chirurgien les organes qui vont être aux alentours de cette tumeur : les vaisseaux, qui vont irriguer tout le foie et qui vont être à côté, et aussi les vaisseaux qui vont passer au niveau du rein. La tumeur, en rouge sur le scanner, sera ensuite reproduite en vert sur l'image 3D.' Il faudra plus d'une heure à la manipulatrice pour créer le clone digital de la patiente et simuler l'approche de la tumeur. Anne-Blandine : 'On va enlever la peau, les os, les organes qui ne nous intéressent pas : le foie, parce qu'il va se trouver devant notre tumeur, les deux reins. La tumeur est en vert, la surrénale en orange. Ce qui va intéresser le chirurgien, c'est par exemple ce petit vaisseau, qui irrigue la surrénale et la tumeur.' Le clone est terminé. Le Professeur Jacques Marescaux, chef du service de chirurgie digestive et endocrinienne du CHU de Strasbourg et fondateur de l'IRCAD, prend connaissance de l'image 3D de sa patiente, avec le Professeur Luc Soler, expert en réalité virtuelle. Dimension, volume de la tumeur, vascularisation des organes, le chirurgien devra tout mémoriser pour l'opération du lendemain. La réalité virtuelle est déjà couramment utilisée pour planifier l'acte chirurgical. Mais aujourd'hui, l'équipe de Strasbourg va expérimenter une autre application de logiciel : superposer au cours de l'opération l'image 3D et l'image réelle, pour offrir au chirurgien une vision en transparence totale. C'est le principe de la réalité augmentée.
Professeur Luc Soler : 'La réalité augmentée permet d'améliorer l'acte chirurgical en fournissant une sécurité supplémentaire, puisque le chirurgien, avant même d'atteindre une structure dangereuse, comme un vaisseau, la voit, alors que aujourd'hui, lorsqu'il opère, il va devoir creuser, couper des tissus, pour tomber sur un vaisseau, et le risque, évidemment, c'est de couper un vaisseau qu'il ne doit pas toucher. En le voyant en transparence, vous êtes sûr d'éviter ce vaisseau.'

Dans la régie vidéo, reliée au bloc opératoire par fibre optique, Luc Soler superpose les images 3D et les images réelles, à la demande du chirurgien. Pour enlever la glande surrénale, le chirurgien va devoir couper la veine qui irrigue. Il pose d'abord des clips en titane pour fermer la veine et pour pouvoir la couper ensuite sans risquer d'hémorragie. La glande surrénale et sa tumeur sont ensuite libérées. L'assistant chirurgien introduit alors un petit sac pour saisir l'organe et l'extraire : "La graisse est enlevée, on met la glande dans le sac, c'est la pêche à la truite !" Aujourd'hui, l'informaticien doit réajuster en permanence l'image virtuelle sur l'image réelle en mouvement. Le prochain défi est d'inventer une sorte de micro-GPS qui recalera automatiquement l'organe 3D sur l'organe réel, avec un grand rêve : l'acte chirurgical totalement réalisé par un robot programmé par le chirurgien sur un simulateur.
Professeur Jacques Marescaux : 'Le chirurgien mettra en route la machine, il aura fait l'opération pré-programmée avant, l'opération automatique se fait et lui, il est là au cas où quelque chose d'imprévu est arrivé, il peut tout arrêter et reprendre, un peu comme un vol automatique en avion : vous reprenez les malades, parce qu'à un moment donné, vous voulez reprendre les malades.'

Trois jours plus tard, la patiente opérée de la glande surrénale va bien. La coelioscopie présente de nombreux avantages, elle permet aux malades de récupérer rapidement, de réduire ainsi la durée de l'hospitalisation, donc son coût, et elle limite les risques de séquelles post-opératoires. La patiente : 'Je me suis levée le lendemain de mon intervention, et même : le soir-même, la nuit, je me suis levée un petit peu, sans rien dire, la première nuit ! Le lendemain, je me promenais déjà dans le couloir.' La réalité virtuelle permet aussi à la recherche fondamentale de progresser. Dans le laboratoire de L'Institut, informaticiens et chercheurs conjuguent leurs énergies pour appliquer la 3D à l'imagerie médicale du petit animal. Il y a un an, ils ont mis au point un mini scanner pour les rats, utilisé par le programme de recherche fondamentale contre les cancers. Objectif : réaliser, comme pour l'homme, des clones virtuels de rats pour suivre l'évolution du traitement. Avant, les chercheurs devaient sacrifier les animaux pour avoir des informations sur chaque étape de la maladie et du traitement. Le clone virtuel du rat modifie profondément leur pratique .

Dr. Marc Aprahamian : 'L'énorme avantage, c'est qu'on peut travailler sur le même animal, suivre l'évolution de la tumeur, suivre une éventuelle réponse thérapeutique en réduisant considérablement le nombre d'animaux et en validant nos résultats. Donc : économie d'animaux et augmentation de la fiabilité des résultats.'"

Source :
http://www.france5.fr/magazinesante
http://www.websurg.com

Les équipes de l'Institut de Recherche contre les Cancers de l'Appareil Digestif (IRCAD)

Chaque jour de cette semaine, sur France 5, le Magazine de la Santé diffuse dans l'émission "Sept minutes pour une vie" un reportage sur l'Institut de Recherche contre les Cancers de l'Appareil Digestif (IRCAD). Situé au coeur de l'Hôpital Civil de Strasbourg, sous la direction du Professeur Jacques Marescaux, l'IRCAD s'est associé à des parternaires privés pour mener à bien ses recherches sur la chirurgie mini-invasive. Alliant coelioscopie et technologie de pointe, le Professeur Marescaux montre ce que pourrait être la chirurgie de demain. Il explique l'origine du projet ANUBIS :
==> Visionner ces reportages : cliquer ici.
"En avril dernier, cette même équipe du CHU de Strasbourg relève un nouveau défi : retirer la vésicule biliaire d'une jeune femme sans aucune cicatrice, en passant par le vagin. Cette opération est l'aboutissement de trois ans de recherches dans le cadre d'ANUBIS, un projet dont le Professeur Marescaux a eu l'idée presque par hasard : 'Il y avait une toute petite brève sur CNN qui disait qu'un gastro-entérologue de Hong-Kong et un autre gastro-entérologue du Johns Hopkins Hospital aux Etats-Unis avaient regardé l'intérieur de l'abdomen et avaient trouvé que c'était une voie d'abord, notamment pour aller faire une biopsie au niveau du foie. En écoutant cela, je me suis dit : la chirurgie par les voies d'abord naturelles, pourquoi pas?'

La chirurgie coelioscopique pratiquée depuis plus de vingt ans a déjà constitué une vraie révolution car elle a permis d'opérer en ne réalisant des incisions que de 5 à 12 mm qui ne laissent que de toutes petites cicatrices. Mais cette fois-ci l'opération ne laissera aucune trace. Le Professeur Marescaux explique :
'On a introduit au fond du vagin un endoscope souple qui fait un mètre vingt, qui est le même que celui qu'on introduit dans l'estomac quand on veut faire un diagnostic chez son gastro-entérologue. Cet endoscope souple est arrivé au niveau de la vésicule biliaire. On a complètement fait l'opération uniquement à partir de ce canal opérateur.'

En devenant toujours moins agressive, la chirurgie par les voies naturelles améliore encore les bénéfices de la chirurgie coelioscopique. Elle réduit la durée d'hospitalisation et les risques de séquelles post-opératoires. La patiente sur qui cette 'première' mondiale a été effectuée, Mildred, 30 ans, est restée hospitalisée deux jours au lieu d'une semaine. Elle explique que l'opération n'a eu aucune suite (pas de séquelles) : 'En un mois, c'est comme si je n'avais rien eu.'
Professeur Marescaux : 'Le malade peut se lever dès le soir ou le lendemain de l'opération. Il bouge sans problèmes.'

Le nombre de phlébites post-opératoires est considérablement réduit, ainsi que le nombre d'embolies pulmonaires post-opératoires. Globalement, les facteurs de morbidité post-opératoire se trouvent diminués. La chirurgie par les orifices naturels rencontre encore quelques difficultés techniques, sur lesquelles les chercheurs travaillent. Le mouvement des organes par exemple complique le maniement de l'endoscope qui mesure 1,50 m de long. Aujourd'hui, sur un cochon endormi, les roboticiens testent pour la première fois la synchronisation des mouvements de l'endoscope robotisé avec ceux du foie. Avec ses mouvements automatiques, cet endoscope vise à réduire la fatigue du chirurgien.

'L'endoscope automatique améliore réellement l'ergonomie du bloc. Le chirurgien va être le grand bénéficiaire ; automatiquement le patient sera mieux soigné. On cassera moins d'endoscopes, on cassera moins d'instruments', explique le Dr. Bernard Dallemagne, un chirurgien qui a participé au projet ANUBIS. Une quinzaine de patientes seront opérées pour confirmer l'efficacité de cette voie transvaginale. Mais pour pouvoir aussi opérer les hommes, le programme ANUBIS envisage d'utiliser d'autres voies naturelles, comme la bouche ou le rectum. Un problème : dans ce cas, il faudrait traverser la paroi de l'estomac.
Le Dr. Bernard Dallemagne : 'Si un jour on peut arriver à prouver qu'au travers d'un estomac on ne crée pas d'autres problèmes, alors on peut commencer à travailler. On a choisi la trans-vaginale car on connaît cette voie-là, depuis 50 ans : les gens enlevaient les appendices par le vagin il y a 50 ans. On connaît, on sait comment fermer, on sait que ça ne provoque pas une infection, etc. On ne crée donc pas un problème par cette voie-là, donc là on pouvait le faire. L'estomac, on ne sait pas encore, peut-être qu'on n'y arrivera jamais, je n'en sais rien. Donc de nouveau, c'est le concept de la recherche.'

Le programme ANUBIS est financé à hauteur de 2 millions d'Euros par l'Etat et de 5 millions d'Euros par des partenaires privés. En effet, l'Institut a choisi de travailler avec des industriels ou des laboratoires pour avoir les moyens nécessaires à ses travaux. Une démarche pragmatique qui suscite toujours la méfiance de certains chercheurs.
Professeur Jacques Marescaux : 'Les universitaires ont toujours pensé qu'il y avait un risque à se marier avec les industriels : qui dit industriels dit capitalisme. En fait, que ce soit dans le médicament ou dans ce qu'on appelle le medical device, c'est-à-dire dans l'instrumentation chirurgicale, heureusement que les industriels étaient là ! Les instruments deviennent de plus en plus intelligents, l'ordinateur va voir le courant de bistouri électrique qu'on donne, l'ordinateur va faire comprendre à la pince quand elle doit s'arrêter de coaguler le vaisseau, etc. Tout ce qu'on peut faire pour améliorer notre condition de chirurgien, et donc la facilité et les résultats de l'acte chirurgical, tout est bon à prendre.'

Quant au budget de fonctionnement de l'Institut, il est presque complètement assuré par ces capitaux privés qui misent sur ce formidable marché que représentera la chirurgie mini-invasive appliquée au plus grand nombre."

Source :
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