Glissé dans l’artère fémorale, le cathéter remonte jusqu’aux coronaires. Compte-rendu depuis la salle d’opération à l’avant-veille de la Journée mondiale du cœur agendée dimanche 28 septembre.
"Diagnostic: infarctus du myocarde. Le patient, âgé de 90 ans, a été admis aux urgences des Hôpitaux universitaires genevois. Il va à la fois subir et assister à l’intervention de désobstruction des coronaires. Détail d’une opération qui, chaque année à Genève, est pratiquée sur près de 1500 malades."
"Allongé sur la table, le patient est conscient. Il écoute attentivement les commentaires du spécialiste. Le Dr Marco Roffi, responsable de l’Unité de cardiologie interventionnelle, va anesthésier l’entrée de l’artère fémorale, près de l’aine. Dans quelques minutes, il pratiquera une petite incision pour introduire un cathéter. 'Vous allez ressentir une sensation de chaleur', dit-il sans quitter des yeux les écrans qui lui permettent d’observer la trajectoire de la sonde. Derrière une vitre, un technicien suit l’intervention sur son propre écran et surveille les courbes qui mesurent le rythme cardiaque du malade et la pression artérielle."
Sans douleur
"La sensation de chaleur résulte du produit de contraste que le médecin vient d’injecter pour optimiser la visibilité de l’artère coronaire. Le geste requiert une attention particulière. Il faut éviter que la sonde aille perforer le vaisseau. Une masse plus sombre apparaît sur l’écran, signe d’une occlusion. Le Dr Roffi n’est pas le seul en piste. Un autre cardiologue, le Dr Xavier Perret prépare les instruments. Le malade ne ressent rien, les artères ne sont pas innervées. Dans le service, on a l’habitude de dire que cette intervention est moins douloureuse qu’un passage chez le dentiste. Il y a vingt ans, cette maladie aurait nécessité un pontage et donc une opération à cœur ouvert.
Avec l’usage du cathéter, le patient pourra en principe regagner son domicile après une seule nuit d’hospitalisation."
Technique zurichoise
"Le Dr Roffi vient de placer un petit ballon dans le cathéter. Lequel va se déployer dans quelques secondes et ainsi dilater l’artère. Cette technique a été pratiquée pour la première fois à Zurich en 1977. Trente ans plus tard, c’est devenu un acte de routine. La seconde étape consiste à placer un stent dans l’artère pour éviter que des dépôts graisseux ne s’agglomèrent et obstruent à nouveau la cavité. Ce dispositif maillé et tubulaire va progressivement être colonisé par des cellules et s’intégrer en quelque sorte à l’artère. Le médecin s’interrompt. 'Comment vous sentez-vous?', interroge-t-il. Le patient murmure quelques mots. Un seul stent ne suffit pas à traiter cette première lésion. Le praticien répète son geste avec la même dextérité. Sur l’écran, il a repéré une autre artère endommagée. Alors, il explique au malade qu’il va là encore disposer un stent pour endiguer le rétrécissement du vaisseau. Dernier acte, la fermeture de l’artère fémorale. La pression sanguine est importante. Alors, une simple pression ne suffit pas à cautériser la plaie. Même si la zone a été endormie, le malade perçoit une petite douleur chaque fois que le médecin pose une agrafe sur la plaie. Mais cette dernière intervention ne prend pas plus de quelques minutes.
Changement d’équipe. Le Dr Roffi va maintenant combler une ouverture anormale située entre les deux oreillettes du cœur. Près de 25 pour cent de la population souffre de ce trouble. Mais, l’intervention n’est pratiquée que lorsque le malade a fait une attaque cérébrale consécutive à cette altération cardiaque. C’est le cas du jeune patient qui, lui non plus ne sera pas opéré, sous anesthésie générale. Si l’intervention ne dure qu’une demie heure, elle reste cependant délicate. Le cathéter, qui a été introduit la veine fémorale cette fois, ne doit pas contenir la moindre once d’air. La présence d’une bulle peut provoquer une attaque cérébrale. Le dispositif, qui va obstruer la cavité, a la forme d’un parapluie. Arrimé à la paroi, il oscille désormais à chaque mouvement cardiaque."
Diminuez les risques
"Selon la Fédération mondiale du cœur, une réduction de trois grammes de sel dans le régime alimentaire d’une personne se traduirait par une chute de 15 pour cent du risque de mortalité par maladies cardiovasculaires. Alors ? N’ayez pas la main trop lourde."
Source :
http://www.tdg.ch/geneve/actu/2008/09/23/coeur-repare-anesthesie-reportage-bloc
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