Les équipes de l'Institut de Recherche contre les Cancers de l'Appareil Digestif (IRCAD)

Chaque jour de cette semaine, sur France 5, le Magazine de la Santé diffuse dans l'émission "Sept minutes pour une vie" un reportage sur l'Institut de Recherche contre les Cancers de l'Appareil Digestif (IRCAD). Situé au coeur de l'Hôpital Civil de Strasbourg, sous la direction du Professeur Jacques Marescaux, l'IRCAD s'est associé à des parternaires privés pour mener à bien ses recherches sur la chirurgie mini-invasive. Alliant coelioscopie et technologie de pointe, le Professeur Marescaux montre ce que pourrait être la chirurgie de demain. Il explique l'origine du projet ANUBIS :
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"En avril dernier, cette même équipe du CHU de Strasbourg relève un nouveau défi : retirer la vésicule biliaire d'une jeune femme sans aucune cicatrice, en passant par le vagin. Cette opération est l'aboutissement de trois ans de recherches dans le cadre d'ANUBIS, un projet dont le Professeur Marescaux a eu l'idée presque par hasard : 'Il y avait une toute petite brève sur CNN qui disait qu'un gastro-entérologue de Hong-Kong et un autre gastro-entérologue du Johns Hopkins Hospital aux Etats-Unis avaient regardé l'intérieur de l'abdomen et avaient trouvé que c'était une voie d'abord, notamment pour aller faire une biopsie au niveau du foie. En écoutant cela, je me suis dit : la chirurgie par les voies d'abord naturelles, pourquoi pas?'

La chirurgie coelioscopique pratiquée depuis plus de vingt ans a déjà constitué une vraie révolution car elle a permis d'opérer en ne réalisant des incisions que de 5 à 12 mm qui ne laissent que de toutes petites cicatrices. Mais cette fois-ci l'opération ne laissera aucune trace. Le Professeur Marescaux explique :
'On a introduit au fond du vagin un endoscope souple qui fait un mètre vingt, qui est le même que celui qu'on introduit dans l'estomac quand on veut faire un diagnostic chez son gastro-entérologue. Cet endoscope souple est arrivé au niveau de la vésicule biliaire. On a complètement fait l'opération uniquement à partir de ce canal opérateur.'

En devenant toujours moins agressive, la chirurgie par les voies naturelles améliore encore les bénéfices de la chirurgie coelioscopique. Elle réduit la durée d'hospitalisation et les risques de séquelles post-opératoires. La patiente sur qui cette 'première' mondiale a été effectuée, Mildred, 30 ans, est restée hospitalisée deux jours au lieu d'une semaine. Elle explique que l'opération n'a eu aucune suite (pas de séquelles) : 'En un mois, c'est comme si je n'avais rien eu.'
Professeur Marescaux : 'Le malade peut se lever dès le soir ou le lendemain de l'opération. Il bouge sans problèmes.'

Le nombre de phlébites post-opératoires est considérablement réduit, ainsi que le nombre d'embolies pulmonaires post-opératoires. Globalement, les facteurs de morbidité post-opératoire se trouvent diminués. La chirurgie par les orifices naturels rencontre encore quelques difficultés techniques, sur lesquelles les chercheurs travaillent. Le mouvement des organes par exemple complique le maniement de l'endoscope qui mesure 1,50 m de long. Aujourd'hui, sur un cochon endormi, les roboticiens testent pour la première fois la synchronisation des mouvements de l'endoscope robotisé avec ceux du foie. Avec ses mouvements automatiques, cet endoscope vise à réduire la fatigue du chirurgien.

'L'endoscope automatique améliore réellement l'ergonomie du bloc. Le chirurgien va être le grand bénéficiaire ; automatiquement le patient sera mieux soigné. On cassera moins d'endoscopes, on cassera moins d'instruments', explique le Dr. Bernard Dallemagne, un chirurgien qui a participé au projet ANUBIS. Une quinzaine de patientes seront opérées pour confirmer l'efficacité de cette voie transvaginale. Mais pour pouvoir aussi opérer les hommes, le programme ANUBIS envisage d'utiliser d'autres voies naturelles, comme la bouche ou le rectum. Un problème : dans ce cas, il faudrait traverser la paroi de l'estomac.
Le Dr. Bernard Dallemagne : 'Si un jour on peut arriver à prouver qu'au travers d'un estomac on ne crée pas d'autres problèmes, alors on peut commencer à travailler. On a choisi la trans-vaginale car on connaît cette voie-là, depuis 50 ans : les gens enlevaient les appendices par le vagin il y a 50 ans. On connaît, on sait comment fermer, on sait que ça ne provoque pas une infection, etc. On ne crée donc pas un problème par cette voie-là, donc là on pouvait le faire. L'estomac, on ne sait pas encore, peut-être qu'on n'y arrivera jamais, je n'en sais rien. Donc de nouveau, c'est le concept de la recherche.'

Le programme ANUBIS est financé à hauteur de 2 millions d'Euros par l'Etat et de 5 millions d'Euros par des partenaires privés. En effet, l'Institut a choisi de travailler avec des industriels ou des laboratoires pour avoir les moyens nécessaires à ses travaux. Une démarche pragmatique qui suscite toujours la méfiance de certains chercheurs.
Professeur Jacques Marescaux : 'Les universitaires ont toujours pensé qu'il y avait un risque à se marier avec les industriels : qui dit industriels dit capitalisme. En fait, que ce soit dans le médicament ou dans ce qu'on appelle le medical device, c'est-à-dire dans l'instrumentation chirurgicale, heureusement que les industriels étaient là ! Les instruments deviennent de plus en plus intelligents, l'ordinateur va voir le courant de bistouri électrique qu'on donne, l'ordinateur va faire comprendre à la pince quand elle doit s'arrêter de coaguler le vaisseau, etc. Tout ce qu'on peut faire pour améliorer notre condition de chirurgien, et donc la facilité et les résultats de l'acte chirurgical, tout est bon à prendre.'

Quant au budget de fonctionnement de l'Institut, il est presque complètement assuré par ces capitaux privés qui misent sur ce formidable marché que représentera la chirurgie mini-invasive appliquée au plus grand nombre."

Source :
http://www.france5.fr/magazinesante

1 commentaire:

Ethics, Health and Death 2.0 a dit…

Voir ce lien pour en savoir plus au sujet du partenariat de recherches entre l'IRCAD et EndoGastric Solutions (EGS) :
http://www.egsglobal.net/index.php?src=gendocs&link=Training&category=Main
Fin août 2007, le Docteur Adrian Lobontiu, chirurgien au sein du service de chirurgie cardiaque de l'hôpital Henri Mondor, à Créteil, et Directeur de la Formation chez EndoGastric Solutions Europe, évoquait quelques étapes importantes de ce partenariat entre l'IRCAD et EGS :
"Je reviens de Strasbourg où j’ai travaillé avec Bernard Dallemagne. Nous sommes en train de faire une étude chez le porc (on en a opéré 6, il nous reste 6 encore à opérer) pour démontrer que l’EsophyX dans le GERD est aussi efficace que le Nissen. Je ne sais pas encore quels seront les résultats finaux mais, pour le moment, on peut déjà dire que les résultats intermédiaires sont plutôt favorables."

NB : GERD est l'équivalent anglais du RGO : le reflux gastro-oesophagien.
EsophyX est un produit commercialisé par la société EndoGastric Solutions. Pour plus d'information sur ce produit (en anglais), voir le lien :
http://www.egsglobal.net/index.php?submenu=Products&src=gendocs&link=EsophyX&category=Products

Prochainement, le Docteur Lobontiu écrira sur ce weblog quelques mots sur le traitement du reflux par voie orale...Rappelons que la société EGS est pionnière dans cette voie.