Troisième émission "Sept minutes pour une vie", Magazine de la santé (France 5) :
L'IRCAD est un Institut créé pour développer les technologies de pointe dans le domaine de la chirurgie mini invasive : une unité de recherche en robotique, qui associe informaticiens et roboticiens, travaille à mettre au point des programmes de réalité virtuelle en 3D pour permettre aux chirurgiens de planifier leur opération et limiter ainsi les risques d'erreur.
"Au coeur de l'Hôpital Civil de Strasbourg, l'IRCAD, un institut à l'américaine, a choisi d'associer médecins et entreprises privées pour développer recherches sur les cancers de l'appareil digestif et technologies de pointe liées à la chirurgie mini invasive et la coelioscopie. Ici s'entraînent les chirurgiens, tandis que les chercheurs, roboticiens et informaticiens travaillent sur des applications spectaculaires. Ce matin, 34 chirurgiens venus de 21 pays différents entament à l'institut une formation intensive à la chirurgie coelioscopique."
"Dès la création de l'Institut, le Professeur Jacques Marescaux a souhaité y associer une unité de formation des nouvelles techniques chirurgicales. Avec 3.000 médecins formés chaque année, c'est la première école de formation à la chirurgie mini invasive dans le monde.
Professeur Jacques Marescaux : 'Tout avionneur qui construit un nouvel avion, sa première priorité, c'est de former des pilotes, parce qu'il ne veut surtout pas qu'il y ait des ennuis et des complications, qu'il y ait un accident. C'est exactement la même chose : vous développez une nouvelle technologie chirurgicale, vous développez des nouveaux instruments chirurgicaux, la première chose à faire, avant que ça puisse être diffusé chez le malade, c'est de former le chirurgien.'
La demande de formation venant principalement des pays de l'Est, de l'Asie et du Moyen-Orient, l'école a dû s'adapter pour accueillir des chirurgiens de tous pays, de toutes cultures et de toutes religions [tapis de prière, ndlr].Certains médecins financent eux-mêmes leur formation, d'autres bénéficient d'une aide de leur hôpital ou de leur gouvernement. Tous en tout cas partagent l'objectif de développer l'utilisation de la coelioscopie dans leur pays.
Dr. Fadi Souleiman, chirurgien syrien : 'La chirurgie en Syrie est bien développée, mais pour ce qui est de la chirurgie sous coelio, on n'opère que de la vésicule, de la hernie, de la hernie hiatale, ce n'est pas beaucoup ! Pas beaucoup d'opérations sous coelio du colon, de l'estomac, non plus. Ici, en France, avec cette nouvelle technique, on fait presque tout sous coelio, et ça c'est très intéressant pour moi : si je peux avoir ça et ramener ça chez moi...'
Après les cours théoriques du matin, place à la pratique : l'école a reconstitué un bloc opératoire multi-postes géant. Là, 34 chirurgiens un peu décontenancés vont devoir réapprendre tous les gestes de la chirurgie ouverte pour les adapter à la technique coelioscopique.
Professeur Didier Mutter, chirurgien du CHU de Strasbourg : 'Le chirurgien change complètement sa manière d'opérer. D'une vue en trois dimensions où il regarde ses mains, il passe à un travail en deux dimensions sans regarder ses mains. Il y a toute une gestuelle à réapprendre. Ce qu'il se passe, c'est qu'on a créé ce bloc opératoire qui est à 17 postes de travail, sur lesquels on fait travailler les chirurgiens deux par deux, pour qu'ils s'aident mutuellement, qu'ils comprennent le rôle de l'assistant et le rôle du chirurgien, mais également pour qu'ils réapprennent complètement cette nouvelle gestuelle, qui est une gestuelle qui doit d'une part changer complètement la coordination main-oeil, et d'autre part apprendre à travailler en deux dimensions.'
Assistés d'un instrumentaliste qui leur prépare le matériel, et d'un instructeur qui corrige leurs gestes, les médecins vont suivre un programme opératoire de plus de quatre heures sur des cochons anesthésiés. Première étape : l'insufflation. Il s'agit de gonfler l'abdomen avec du gaz carbonique afin de créer un espace pour opérer. Les chirurgiens apprennent ensuite à poser les trocarts, ces cylindres creux, qui permettront d'introduire ensuite une mini caméra de 10 mm de large et des instruments de deux à cinq millimètres de diamètre. Ces trocarts comprennent une partie qui a une lame au bout, qui permet de sectionner les tissus et de les introduire dans la cavité abdominale.
Un instructeur explique : 'On a des instruments qui vont permettre de contrôler les artères et les veines, par exemple un instrument qui met en place des petits clips métalliques qui vont servir à prévenir l'arrivée d'une hémorragie au moment où on coupera les tissus. Il y a également des agraffeuses automatiques, qui vont aligner six rangées de micro-agraffes et au milieu, entre les rangées d'agraffes, il y a un couteau qui va couper les tissus. On va fermer l'appareil, on va descendre les agraffes, et lorsqu'on rouvre l'appareil, on voit que les tissus ont été agraffés et sectionnés au milieu. Toute hémorragie est ainsi évitée.'
L'ensemble du poste coelioscopique est maintenant en place, le formateur peut lancer les travaux pratiques du jour.
L'informateur à un chirurgien en formation : 'Vous allez enlever un segment d'intestin, dans un premier temps sous contrôle de la caméra où vous allez présenter l'intestin grêle, repérer ses vaisseaux, contrôler et coaguler et clipper les vaiseaux, ensuite réséquer un segment d'intestin en utilisant une agraffeuse automatique d'un côté, un fil de ligature de l'autre côté, sectionner les deux éléments et les remettre ensemble en utilisant de nouveau une agraffeuse automatique, exclusivement sous contrôle de la caméra.'
Même exercice à tous les postes, nos chirurgiens sont aussi concentrés que lors d'une intervention réelle et opèrent sous contrôle de leur instructeur. On entend des remarques de l'instructeur : 'Never move both hands together' ('ne bougez jamais les deux mains ensemble'), 'le fil part en avant, ce n'est pas bien'. L'intérêt d'une pratique intensive sur tissus vivant est de permettre à ces chirurgiens d'acquérir les bons réflexes. Pour y parvenir, ils vont devoir s'entraîner pendant cinq jours et répéter les mêmes gestes des centaines de fois. A nouveau le formateur, expliquant comment faire un noeud chirurgical sous coelio : 'Tu pars en avant et tu n'as pas besoin de revenir en arrière.(...) Passez dessous, et automatiquement, vous allez chercher le fil que vous avez présenté, vous le passez à travers, vous revenez, il n'y a plus qu'une main qui bouge(...)'
Coût de cette formation : plus de six mille Euros, mais un tiers seulement est payé par les participants, le reste est pris en charge par l'Institut et par ses partenaires industriels, car ces cours sont aussi un moyen efficace pour eux de faire connaître leur matériel et de vendre dans le monde entier.
Dr. Oussama Elfaedy, chirurgien lybien : 'Après la formation, si ça améliore ma pratique, j'achèterai les instruments et le matériel permettant d'opérer sous coelio. Ou bien je les ferai acheter par mon hôpital.'
La très efficace politique de communication et de formation de l'Institut se prolonge par un site internet : websurg se présente comme une véritable université virtuelle permettant aux chirurgiens du monde entier de se perfectionner. L'atelier video intégré avec ses cadreurs et ses illustrateurs a déjà produit plus de 500 videos avec 130 techniques opératoires expliquées en quatre langues."
Source :
http://www.france5.fr
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