Médecine : Vers l’ère de la chirurgie sans cicatrice


Pendant l’opération Anubis, première opération sans cicatrice réalisée par le Professeur Jacques Marescaux et son équipe ©IRCAD






"Opérer sans cicatrice ni incision, par la bouche, le nez, l’urètre ou le vagin, va devenir dans les années qui viennent un acte chirurgical banal."

"Cette révolution, qui a pris le nom de chirurgie transluminale, s’est mise en marche à Strasbourg où la première ablation de la vésicule biliaire par voie transvaginale a été réalisée.

'Grand chirurgien, grandes incisions', l’aphorisme qui a longtemps bercé les salles d’opération, a définitivement vécu. En effet, début avril, au sein des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, le professeur Jacques Marescaux, chef du service de chirurgie digestive et endocrinienne, et son équipe, ont réussi la première opération sans cicatrice en enlevant la vésicule biliaire d’une patiente sans lui inciser l’abdomen. La totalité de l’intervention chirurgicale a été réalisée grâce à l’introduction dans le vagin d’un endoscope flexible, muni d’instruments -bistouri électrique, pinces et ciseaux- pénétrant dans la cavité abdominale de la patiente pour aller rejoindre l’emplacement de la vésicule biliaire et procéder à son ablation."

Faire de la France le leader mondial de la chirurgie transluminale


"Cette opération s’inscrit dans le projet Anubis -dans la mythologie égyptienne, Anubis par le biais d’instruments longs et flexibles réalisa la première momification- qui a pour ambition de positionner la France en leader mondial de cette nouvelle technique chirurgicale en développant de nouveaux outils chirurgicaux et en y associant une formation de haut niveau. Cette nouvelle pratique a ainsi pris le nom de chirurgie transluminale car elle passe par la lumière -l’intérieur- des viscères. Selon son concepteur, le professeur Marescaux, ses avantages sont nombreux : 'Déjà, une absence totale de douleur. Ensuite, grâce à la flexibilité de l’endoscope, il existe une plus grande facilité pour atteindre certains recoins cachés. Un avantage surtout appréciable chez les personnes obèses. Enfin, l’absence de cicatrices est importante non seulement sur un plan esthétique, mais aussi psychologique car elle permet d’effacer le souvenir de l’opération'."

Déjà de nombreuses applications possibles


"L’accès à la cavité abdominale par les voies naturelles -bouche, nez, anus, urètre- ouvre une nouvelle ère dont les limites paraissent actuellement difficilement définissables. Depuis la description de cette nouvelle approche chirurgicale en 2004, de nombreuses interventions expérimentales ont été développées sur l’animal : biopsies du foie, ligature de trompes utérines, ablation de la rate, de l’utérus. S’il est probable que seules certaines de ces interventions trouveront un aboutissement sur le plan clinique, d’autres qui n’ont pas encore été imaginées verront le jour. Néanmoins, le professeur Marescaux estime, d’ores et déjà que 'parmi les grandes priorités des programmes de santé nationaux, le traitement de l’obésité sera très certainement l’une des applications les plus développées de la chirurgie transluminale'. Par ailleurs, selon le spécialiste, elle apportera très vite une solution aux maladies de reflux gastro-oesophagien, à l’appendicite et à la résection de tumeurs bénignes du foie, de la glande surrénale ou autres viscères. Quant aux cancers de l’appareil digestif, le chirurgien se montre optimiste : 'aujourd’hui on sait que l’on peut opérer certains cancers du colon, du rectum par voie laparoscopique¹. A mon avis, nous allons suivre le même chemin pour la chirurgie transluminale'.

Une sacré révolution, bien loin en tout cas de l’avis du célèbre docteur Velpeau qui déclarait en 1839 : 'La suppression de la douleur en chirurgie est une utopie... scalpel et douleur sont des mots indissociables qui resteront toujours dans la mémoire du patient opéré'."

¹Le chirurgien visualise le champ opératoire à l’aide d’une caméra reliée à une fibre optique et manipule différents instruments spécialisés introduits à l’intérieur du corps par de petits orifices.

Source :
Article de Philippe Menarth (9 juillet 2007)
http://www.innovationlejournal.fr

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