LYON : Cancer du rein : tuer les tumeurs par le froid
La Lettre "Réseau-CHU"
N° 525 - 15 juin 2010
LYON - "Le cancer du rein touche 10 000 personnes chaque année. Près de 60% de ces tumeurs sont diagnostiquées à un stade précoce, leur tumeur mesure le plus souvent moins de 4 cm. Autre particularité, ces malades ne présentent aucun symptôme et leur cancer est détecté de manière fortuite, lors d'un radio ou d'une échographie abdominale. Actuellement, le traitement de référence de ces petites tumeurs est la chirurgie (intervention appelée néphrectomie partielle qui consiste à n'enlever que la tumeur en épargnant le rein). Cette intervention n'est pas dénuée de complications puisqu'elle s'accompagne dans près de 20% des cas d'hémorragie, de fuite d'urine au niveau du rein, d'infections, d'embolie pulmonaire…). L'équipe médicale du Centre Hospitalier Lyon Sud (CHU de Lyon) est une des six équipes* françaises à expérimenter la nouvelle technique prometteuse qu'est la cryothérapie.
Les atouts de la cryothérapie : technique mini-invasive, indolore avec une durée d'hospitalisation réduite à 48h00.
Peu invasive puisque sans ouverture chirurgicale, la cryothérapie traite, par le froid, les tumeurs de moins de 4 cm qui représentent 60% des cancers du rein. L'intervention se déroule dans une salle de scanner sous anesthésie générale. Les aiguilles de cryothérapie sont placées au sein de la tumeur à travers la peau de manière très précise grâce au scanner. Ces aiguilles conduisent un gaz réfrigéré (Argon) qui va congeler la tumeur. Une fois l'opération terminée, le patient n'a ni cicatrice ni douleur. Sa durée moyenne d'hospitalisation est de 48h contre au moins 5 jours pour la chirurgie. Aucun autre traitement chimiothérapie, radiothérapie…) n'est nécessaire pour ces tumeurs bien localisées au rein. Seul un suivi radiologique sera mis en place."
L'expérience a commencé en avril 2009. Huit patients ont été traités avec succès.
* seuls les CHU de Strasbourg, Toulouse, Bordeaux, Nantes et St Louis (APHP) initient la cryothérapie dans le traitement des cancers du rein. Le Centre Hospitalier Lyon Sud couvre tout le Grand Est français.
Pour plus d'informations contacter :
Responsable de la Communication
Hospices civils de Lyon - 3, quai des célestins
69229 Lyon cedex
Téléphone : 04 72 40 70 30
Fax : 04 72 40 72 30
email : emmanuelle.valemblois@chu-lyon.fr
La santé malade de la précaution
"Inscrit dans la Constitution, il y a cinq ans, au titre de la protection de l'environnement, le principe de précaution, souvent confondu avec le principe de prévention, est aussi largement appliqué dans le domaine de la santé. L'évaluation de la mise en œuvre du principe de précaution est le premier sujet à l'ordre du jour du comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques de l'Assemblée nationale, créé en 2009. Dans un rapport préparatoire et lors d'un séminaire, des députés ont souligné les risques pour la recherche, particulièrement pour les biotechnologies, d'une application généralisée dans le domaine sanitaire. Nul ne demande, cependant, l'abrogation de cet article constitutionnel."
Source :
Le Quotidien du Médecin
08/06/2010
BREST Imagerie de l'appareil locomoteur : acquisition du nouveau système EOS
La Lettre "Réseau-CHU"
N° 524 - 8 juin 2010
BREST - "Avec l'aide de l'Europe, de la région Bretagne, du Conseil général du Finistère, de Brest métropole océane et de l'Inserm, la plate-forme technologique et clinique du Centre régional hospitalo-universitaire de Brest, Therafonc, dispose d'un tout nouveau système d'imagerie de l'appareil locomoteur dénommé EOS.
Pour plus d'informations contacter :
Responsable de la Communication
CHU de Brest - 5 avenue Foch
29609 Brest Cedex
Téléphone : 02.98.22.39.35
Fax : 02.98.22.34.98
email : isabelle.gourmelen@chu-brest.fr
N° 524 - 8 juin 2010
BREST - "Avec l'aide de l'Europe, de la région Bretagne, du Conseil général du Finistère, de Brest métropole océane et de l'Inserm, la plate-forme technologique et clinique du Centre régional hospitalo-universitaire de Brest, Therafonc, dispose d'un tout nouveau système d'imagerie de l'appareil locomoteur dénommé EOS.
Produit par la société française biospace med, sur la base d'une technologie ayant valu le prix Nobel de physique à Georges Charpak en 1992, ce système permet de réaliser simultanément des radiographies numériques corps entier, de face et profil, en l'absence de toute distorsion.
Cet équipement, dont seulement 9 exemplaires existent en France (et moins de 20 dans le monde), est installé dans le service d'Imagerie médicale pédiatrique de l'hôpital Morvan. Il est utilisé pour l'exploration des déformations vertébrales des enfants.
Grâce à une technicité élevée, le système EOS permet une exposition aux rayons X 10 fois moindre qu'un système de radiologie conventionnelle, voire plusieurs centaines de fois moindre qu'un scanner 3D. Il est donc parfaitement adapté au suivi des enfants tout au long de leur croissance.
EOS permet également de réaliser des reconstructions 3D du squelette humain à partir des deux images radiographiques.
Cette capacité tout à fait unique à fournir des mesures 3D à partir d'images effectuées en position debout, fait d'EOS un système particulièrement adapté au bilan pré-opératoire lors de la pose de prothèses totales de hanche ou de genou chez l'adulte.
Utilisé en pratique clinique quotidienne, EOS est également un élément important sur lequel s'appuie la recherche régionale en imagerie médicale.
Il s'intègre en effet dans un ensemble d'équipements de pointe au sein du programme européen Pimatgi (plate-forme d'innovation en imagerie médicale et action thérapeutique guidée par l'image).
Le projet Therafonc sur l'Imagerie thérapeutique fonctionnelle, élément du programme européen Pimatgi, est financée à hauteur de 3 000 000 d'euros dans le cadre du Contrat de projet Etat-Région 2007-2013."
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CHU de Brest - 5 avenue Foch
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Nîmes : Dossier pharmaceutique partagé : expérience pilote entre pharmaciens et 4 hôpitaux
La Lettre "Réseau-CHU"
N° 524 - 8 juin 2010
Référent du dossier au CHU de Nîmes Dr Jean Marie Kinowski, Praticien Chef de service de la pharmacie.
Pour plus d'informations contacter :
Directrice de la communication
CHU de Nîmes - Place du Professeur Robert Debré
30029 Nîmes cedex 9
Téléphone : 04 66 68 30 52
Fax : 04 66 68 34 00
email : anissa.megzari@chu-nimes.fr
N° 524 - 8 juin 2010
NÎMES - "Pour la première fois les pharmaciens de ville et les équipes hospitalières des CHU de Nîmes et de Nancy et des CH de Bégin et Hyères vont pouvoir actualiser et partager les données des dossiers pharmaceutiques des patients. Objectif de cette opération pilote lancée en juin 2010 : compléter le dossier pharmaceutique ouvert dans les officines de ville en intégrant les médicaments administrés ou prescrits dans les hôpitaux afin de lister l'ensemble des traitements délivrés à un patient. Cette exhaustivité permettra d'éviter les interactions médicamenteuses et les doublons qui peuvent avoir des conséquences graves pour la santé des patients. Le dossier est consultable par les pharmaciens de ville et par les praticiens hospitaliers à partir de la carte vitale du patient. Un plus pour la qualité des soins.
Une sécurité pour les patients en vacances !
Les patients en vacances n'ont pas forcément sur eux l'ensemble des traitements, donc l'intérêt est réel. Prenons l'exemple d'une personne âgée hémophile qui quitte Lille pour un séjour touristique à Nîmes. A son arrivée, elle constate qu'elle oublié son traitement délivré par un établissement du Nord-Pas-de-Calais. Elle se rend alors au CHU de Nîmes avec son ordonnance. Le pharmacien hospitalier remarque dans son dossier que sur le trajet Lille-Nîmes elle s'est arrêtée dans une officine de Lyon et a acheté un médicament contre-indiqué. Le pharmacien l'alerte et fait le point avec elle.
En savoir plus sur le dossier pharmaceutique
Le dossier pharmaceutique recense les médicaments pris par le patients, prescrits ou non. Le dossier est ouvert à la demande du patient. 6,7 millions de dossiers pharmaceutiques ont été crées depuis la mise en place du système en janvier 2009."
Référent du dossier au CHU de Nîmes Dr Jean Marie Kinowski, Praticien Chef de service de la pharmacie.
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206 projets de recherche sélectionnés parmi les 533 présentés par les CHRU
La Lettre "Réseau-CHU"
N° 524 - 8 juin 2010RÉSEAU CHU
*L'Institut national du cancer (INCa) conduit le volet cancer.
Pour plus d'informations contacter :
Conseil en communication Santé Social
Domaine de Bellevue
36290 Saint-Michel-Brenne
Téléphone : 02.54.38.06.59
Mobile : 06.84.81.59.82
Fax : 02.54.38.19.82
email : resochu@club-internet.fr
N° 524 - 8 juin 2010RÉSEAU CHU
"198 projets (hors cancer*) ont été retenus dans le cadre du Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) 2010 sur un total de 526 dossiers déposés par les délégations à la recherche clinique et à l'innovation des centres hospitaliers universitaires. 7 dossiers ont été sélectionnés au titre du Programme de soutien aux techniques innovantes coûteuses (PSTIC). Ces données sont extraites des résultats publiés par la Direction générale de l'offre de soins qui gère les deux programmes. Pour les mener à bien, les établissements promoteurs recevront près de 90 millions d'euros (en intégrant le volet cancer). Ces financements proviennent de crédits d'assurance maladie délégués de la part de la Direction Générale de l'Offre de Soins (DGOS).
Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) : les CHU forts chercheurs
L'AP-HP est bien sûr très bien représentée avec près de la moitié des projets (93). On assiste aussi à une montée en puissance des CHU de province comme Lyon (17 dont 2 STIC), Lille (9), Nantes (10 dont 2 STIC), Marseille (7), Rouen (7), Toulouse (7), Bordeaux (7) et Dijon (6).
Les thèmes prioritaires des PHRC sont fixés par le président de la République et la ministre de la santé et des sports. Cette année il s'agissait de la grippe A/HN1N1, la maladie d'Alzheimer et maladies apparentées, le cancer, la santé mentale et l'autisme, la pédiatrie, les maladies chroniques, les maladies rares, la prise en charge de la fin de vie et le développement des soins palliatifs, la recherche sur les accidents vasculaires cérébraux et le soutien à des thèmes de recherche nécessitant une structuration sous forme de nouveau réseau d'investigateurs.
Modalités de sélection Pour chaque appel à projets, une procédure rigoureuse est conduite par le comité national de la recherche clinique, présidé par le professeur Loïc Guillevin et co-présidé par les professeurs Dominique Franco et Elisabeth Tournier-Lasserve.
Les équipes qui n'ont pas été retenues recevront les expertises reprenant les critiques des membres du comité. Ces éléments de réponse leur permettront d'amender leur dossier en vue d'une nouvelle présentation l'année prochaine.
Le programme STIC concerne les technologies innovantes diagnostiques ou thérapeutiques.
A partir de 54 technologies innovantes recensées, le comité d'évaluation, présidé par le professeur Dominique Franco, a présélectionné les 14 axes thématiques de l'appel à projets et a retenu 7 dossiers. Ceux-ci seront financés sur 24 mois, pour un montant global de 7M€ en crédits d'assurance maladie délégués de la DGOS.
Parmi les projets retenus, figurent le traitement par stimulation cérébrale profonde des troubles obsessionnels compulsifs (TOC), la neuroradiologie interventionnelle, la rééducation mécanisée du membre supérieur de l'hémiplégique post-AVC, un traitement chirurgical innovant de la maladie hémorroïdaire, une technique minimale invasive de chirurgie valvulaire mitrale, une prise en charge endoscopique des reprises pondérales, une technique de surveillance de la chirurgie carotidienne.
Financement des projets de recherche clinique
Les projets de recherche clinique axés sur les thématiques gouvernementales prioritaires représentent 65% des dossiers sélectionnés, soit 52M€ (en intégrant le volet cancer), auxquels s'ajoutent 24% de projets de recherche clinique sur des thèmes laissés à l'initiative libre des chercheurs (et correspondants à un 'programme blanc') soit 21M€, 6% de cohortes (projets de recherche sur un ensemble de patients déterminés) et 5% de compléments de financement de projets PHRC antérieurs.
Parallèlement à l'appel à projets national, les délégations interrégionales à la recherche clinique (DIRC), basées sur 7 CHU coordonnateurs, sont en charge des appels à projets interrégionaux (API) et du choix des projets à financer pour 3 ans, dans le cadre d'une enveloppe déconcentrée de 16,5M€.
Les projets financés par le PHRC font l'objet d'un suivi et d'une évaluation annuelle par la DGOS.
L'évaluation 2009 porte sur les programmes 2002 à 2007 et révèle un niveau de publications des résultats issus de ces projets dans des revues d'excellent niveau (Niveaux A, B, C du classement bibliométrique SIGAPS)."
En savoir plus
Le détail des résultats des appels à projets est consultable sur l'espace "Offre de soins" du site du ministère de la santé et des sports : www.sante-sports.gouv.fr/offre-de-soins
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AP Stylebook Adds 42 New Guidelines for Social Media
"The AP Stylebook has released its new social media guidelines, including the official change from 'Web site' to 'website' (a move first reported back in April) and 41 other definitions, use cases and rules that journalists should follow.
Among the more interesting changes – at least from a grammar and style standpoint – are separating out 'smart phone' as two words, hyphenating 'e-reader,' and allowing fan, friend and follow to be used both as nouns and verbs.
Beyond that, the AP has also defined a number of acronyms that are commonly used in texting and instant messaging. While most of them should be fairly well-known to regular web and mobile phone users (ROFL, BRB and G2G are among the definitions) one actually was new to me: POS.
According to the AP, this stands for 'parent over shoulder' (I’ve used POS to refer to something else occasionally, but I digress), and is used by 'teens and children to indicate, in an IM conversation, that a parent is approaching.' Elsewhere, other terms making the cut include 'trending,' 'retweet' and 'unfriend' ('defriend' is also acceptable, though the AP concludes it’s less common).
Finally, the AP also offers some basic rules of thumb for how social media should and shouldn’t be used by journalists, with a focus on making sure they continue to confirm sources and information they find on blogs, tweets and other forms of social media.
The full 2010 AP Stylebook, which includes the new social media guidelines, was released today and is available on the AP’s website."
La recherche clinique face à la mondialisation

"'Médecine et biologie sont liées. Il n'existe pas d'exercice médical sans la compréhension des mécanismes des maladies et des médicaments et pas de recherches sur les maladies sans les concepts et les techniques de la biologie fondamentale.' Derrière cette sentence se cache une réalité qui se vérifie tous les jours. La recherche biomédicale se pratique de plus en plus 'au lit du malade', en associant des médecins hospitaliers, des biologistes et des industriels de la pharmacie. La multiplication des partenariats entre ces acteurs de la santé confirme cette nouvelle tendance ('Les Echos' du 16 avril). Là encore, la compétition est devenue mondiale et seuls les hôpitaux disposant de plates-formes d'analyse moléculaire de très haut niveau et de spécialistes de talent resteront dans la course. A la clef, la participation aux essais préliminaires où les thérapies novatrices sont expérimentées pour la première fois in vivo.
Tout le monde semble trouver son compte dans cette nouvelle donne. Les médecins se réapproprient les phases exploratoires à forte valeur ajoutée, et les laboratoires pharmaceutiques se concentrent sur le développement des molécules. 'Cette approche de type gagnant-gagnant conditionne la qualité des progrès thérapeutiques en cancérologie', résume le professeur Jean-Charles Soria, de l'Institut Gustave-Roussy à Villejuif près de Paris.
Tous les grands hôpitaux français se préparent à cette mue historique qui redonne tout son sens au concept du centre hospitalier universitaire (CHU), créé en 1958 par Michel Debré. 'Les professeurs des hôpitaux universitaires sont sélectionnés et payés pour remplir une triple mission incluant la recherche. Se limiter aux soins, c'est répondre aux besoins des malades d'aujourd'hui, mais c'est renoncer à participer aux progrès de la médecine, contre l'intérêt des malades de demain', indique Philippe Even, de l'Institut Necker, dans son enquête sur la recherche biomédicale hexagonale ('Les Echos' d'hier).
Super-CHU
Selon ce document, la France compte aujourd'hui à peine une quarantaine de sites de recherche biomédicale de classe internationale, dont une quinzaine de facultés de médecine. Ce classement révèle un fait alarmant. Près de la moitié des CHU (18) ne sont pas de niveau international, voire 'très en deçà en valeur absolue comme en valeur relative'. Ce problème est connu depuis longtemps. Il est le résultat d'un état d'esprit et d'une culture médicale que dénonce le médecin Even. 'Beaucoup de cliniciens, plaidant pour eux-mêmes, prétendent que la qualité des soins est sans rapport avec les activités de recherche clinique ou biologique. Dès lors, la recherche serait une activité de luxe inutile aux malades et qui détournerait les médecins des activités de soin.'
Plutôt que de trancher dans le vif en rappelant à l'ordre les CHU défaillants, le gouvernement a préféré ajouter une couche au millefeuille du système hospitalier actuel : les instituts hospitalo-universitaires (IHU). Cinq super-CHU seront prochainement installés pour 'participer de manière active à l'innovation industrielle en accroissant ses liens avec la recherche privée'. Près de 850 millions d'euros issus du grand emprunt vont alimenter ces nouvelles cathédrales de la santé qui devront 'offrir un niveau d'excellence internationale en matière de soins, de recherche et d'enseignement'.
Selon le rapport établi par Jacques Marescaux, ces IHU auront un statut spécifique (des fondations de coopération scientifique), leur comité de direction aura une liberté de manoeuvre totale et ils devront mobiliser une masse critique de talents (plus de cent). Ce concentré d'excellence d'inspiration anglo-saxonne bénéficiera d'un avantage exclusif qui demande confirmation : leur patron devra 'être une personnalité charismatique reconnue dans le monde de la santé et de la recherche'.
En attendant, le bilan dressé par l'Institut Necker montre que l'activité scientifique déployée par les 4.000 PU-PH (professeur des universités-praticiens hospitaliers) est très variable. Environ 1.500 d'entre eux travaillent dans les 350 unités de l'Inserm et mènent une 'activité scientifique mesurable'. De cette minorité, 170 ont atteint un très bon niveau et une cinquantaine ont rejoint l'élite mondiale. A l'autre bout du spectre, la situation est très préoccupante. '1.700 PU-PH, c'est-à-dire 42 % du total, ne publient rigoureusement rien et ne remplissent donc pas leur mission statutaire de recherche'. Dans la réalité, il est difficile de se couper en trois et la recherche est souvent sacrifiée au profit des deux activités jugées prioritaires par les universitaires : les soins et l'enseignement. 'La charge des soins est devenue très lourde', admet Philippe Even.
Champions hexagonaux
Mais selon cet expert, la créativité des hospitalo-universitaires est en baisse constante. 'La plupart des PU-PH cliniciens se sont mis à la remorque de l'Amérique et se bornent à répéter ou à participer de façon minoritaire à des travaux collaboratifs d'un conformisme affligeant.' Cette baisse de niveau a un impact direct sur le nombre d'essais cliniques de phase I confiés à des sites français. A part la cancérologie, dont l'image de marque reste forte, la recherche clinique hexagonale perd du terrain. 'Presque toutes les percées cliniques, diagnostiques ou thérapeutiques de ces trente dernières années viennent d'ailleurs', indique l'enquête de l'Institut Necker.
Malgré ce climat, l'Hexagone possède d'incontestables champions dont certains sont devenus des personnalités. Des grands chirurgiens comme Alain Carpentier, Laurent Lantiéri, Jacques Marescaux, Jean-Michel Dubernard, Laurent Sedel ou Bernard Devauchelle et de nombreux spécialistes qui ont réalisé des percées fondamentales : Alain Fischer, Patrick Aubourg et Marc Peschanski, devenus des stars mondiales de la thérapie génique.
Des succès qui ne suffisent pas pour affronter la très forte concurrence mondiale qui se profile à l'horizon. 'Peut-être avons nous commis une erreur en universitarisant, entre les années 1960 et 1990, des milliers de médecins, certes cliniquement excellents, mais qui n'avaient ni la formation scientifique, ni la fibre universitaire, ni celle de la recherche. Ils font de notre corps de PU-PH un ensemble très hétérogène. Il est six fois supérieur en nombre à celui des années 1960, et trois fois supérieur à celui de l'Angleterre d'aujourd'hui', conclut le professeur parisien."
ALAIN PEREZ, Les Echo
"Recherche publique : le classement qui accuse"

"Le nouveau classement des chercheurs français dans les sciences du vivant confirme la perte d'influence de la recherche académique hexagonale. Depuis neuf ans, les 12.000 scientifiques français ne cessent de perdre du terrain face à leurs concurrents.
La France compte environ 12.000 chercheurs publics en poste dans les sciences du vivant. Cette communauté exerce dans des organismes nationaux comme le CNRS, l'Inserm ou l'Institut Pasteur, des facultés de médecine de type Cochin, la Pitié-Salpêtrière ou Necker, des hôpitaux dont Gustave-Roussy ou Curie et des institutions telle l'Ecole normale supérieure. La recherche biomédicale est la discipline scientifique qui totalise la production de connaissances la plus élevée et la concurrence la plus intense. Tous les jours, des milliers de résultats ou de données cliniques s'ajoutent au fonds mondial et une vingtaine de pays mènent des activités significatives. Mesurer et classer les travaux des spécialistes français est une tâche colossale.
C'est l'objectif que s'est fixé le professeur Philippe Even, président de l'Institut Necker à Paris. Quatre ans de travail pour évaluer l'activité individuelle des biologistes hexagonaux, en pointant à la main leurs publications dans les principales revues du secteur entre 2000 et 2009. Ces magazines restent des références incontestables. Décrocher une page dans 'Science', 'Nature', 'Cell' ou dans les 'PNAS' demeure une garantie quasi certaine de notoriété et, pour l'auteur principal, une source d'invitations dans les grands congrès. Ce bilan va susciter critiques et dénis dans un pays où l'évaluation des chercheurs basée sur la bibliométrie est mal vue et perçue comme une sanction voire une discrimination. L'Académie des sciences et l'agence d'évaluation (Aeres) entretiennent avec ambiguïté cette exception française en minimisant régulièrement l'importance de ce mètre étalon universel défavorable aux couleurs nationales.
Concours permanent
Sans être parfait, cet indicateur reste le plus utilisé et le plus fiable. 'La valeur d'une recherche se mesure par sa capacité à être publiée dans les revues internationales les plus sélectives, qui organisent une sorte de concours permanent. C'est l'instrument clef de toute politique scientifique', indiquait, en 2008, un collectif de 25 chercheurs français d'excellence réunis autour de Thomas Piketty. 'L'évaluation n'est pas destinée à sanctionner mais à repérer les meilleurs', complète Philippe Even. Les données, disponibles sur le site des 'Echos', reflètent donc le niveau hexagonal. Pas de doute : il y a péril en la demeure. 'Le déclin s'accélère', estime Philippe Even. La part des travaux d'origine française dans 'Nature' a baissé de 40 pour cent, dans 'Cell' de 71 pour cent et la chute dans 'Nature Neurosciences' atteint 80 pour cent.
Plusieurs facteurs expliquent cette dégringolade. Un dirigisme d'Etat toujours très pesant, une culture de la recherche inexistante chez les décideurs, le pouvoir d'influence souterrain des grands corps d'ingénieurs, qui ne vivent que par les 'grands programmes', des structures et des organismes publics trop rigides, des financements insuffisants, un saupoudrage des crédits dans une multitude de petits centres peu actifs, près de 30 pour cent des effectifs démotivés. 'Nos chercheurs d'excellence restent excellents, mais ils sont de plus en plus pauvres et sous-équipés', résume l'Institut Necker.
Deux grands mouvements ont marqué les sciences du vivant au cours des vingt dernières années. D'abord, l'explosion des savoirs. Il y a peu, la représentation de la cellule humaine se limitait à une membrane, à un noyau et à quelques messagers commandant les circuits internes.
Mercenaires de la science
Actuellement, il est pratiquement impossible de décrire la dynamique des dizaines de milliers de composants qui interagissent entre eux. Résultat de cette hypercomplexité : la biologie est devenue une 'big science' exigeant, à l'image de la physique des particules, des instruments lourds et coûteux. La seconde nouveauté est la multiplication des prétendants. Des équipes suisses, danoises, australiennes voire coréennes ou chinoises rivalisent désormais avec les grandes puissances historiques. L'exemple de Singapour est révélateur. En débauchant des spécialistes de renom, la ville-Etat a mis sur pied une cité scientifique ultramoderne (Biopolis) en passe de devenir un modèle du genre.
La science n'a évidemment pas de frontières et les talents sont très courtisés. Certains sont devenus des mercenaires, n'hésitant pas à traverser la moitié de la planète pour diriger un laboratoire bien doté. Cette mondialisation accentue la plongée hexagonale. 'La plupart des grandes percées se font hors de France', constate avec amertume Philippe Even. L'Hexagone est toujours au cinquième rang mondial en termes de production brute. Mais il recule au treizième rang quand on utilise l'indice mesurant l'appréciation de ces travaux par la communauté mondiale. De surcroît, les chercheurs français sont peu présents dans les sujets chauds du moment : cellules souches induites, ARN interférents, analyse des génomes entiers (GWA). A plusieurs reprises, 'Science' et 'Nature' se sont inquiétés de cette chute d'une nation qui tenait le haut du pavé dans les années 1960, du temps des Jacob, Monod et Lwoff.
Environ 900 chercheurs sur 12.000 tirent leur épingle du jeu et une centaine sont de classe internationale. Parmi ces locomotives figurent Pierre Chambon, Miroslav Radman, Jean-Pierre Changeux, Alain Fischer. Mais ces vedettes, qui entretiennent une relation quasi obsessionnelle avec leur discipline, doivent composer avec une administration méfiante, tatillonne et, pour être clair, radine. En queue de peloton, près de 3.000 chercheurs statutaires ont visiblement baissé les bras et plombent la vitesse moyenne du train de la recherche biomédicale française.
Selon le professeur parisien, 'toujours plus d'argent et toujours plus de postes n'est pas la solution'. Il faudrait d'abord réformer la gouvernance et la formation, qui ankylosent l'existant. Certes, le biomédical français ne roule pas sur l'or et cette faiblesse est ancienne. Mais cette maladie chronique n'explique pas tout. La production scientifique du Royaume-Uni dépasse de 30 pour cent celle de la France. Et l'écart augmente avec le niveau de qualité. Dans les 5 pour cent de découvertes majeures, les Britanniques produisent 40 pour cent de plus que leurs collègues français. Philippe Even en tire une conclusion alarmante. 'Plus on élève la barre de l'excellence, plus l'écart se creuse avec les premiers.'"
ALAIN PEREZ, Les Echos
==> Les principaux classements sur lesechos.fr/document
"Les chiffres clefs de l'enquête
· La production scientifique des 12.000 chercheurs hexagonaux spécialisés dans les sciences du vivant a été analysée par l'Institut Necker entre 2000 et 2009.
· Près de 3.000 chercheurs dits 'non publiants' n'ont jamais publié d'article dans les revues internationales en langue anglaise, seules prises en compte par l'enquête, et ne sont donc pas classés.
· Les 9.000 autres chercheurs dits 'actifs' ont publié ou participé à la rédaction de 200.000 articles pendant la période considérée.
· Les 900 meilleurs chercheurs français (10 pour cent des actifs) ont publié à eux seuls 60 pour cent du total des publications françaises.
· Selon cette enquête, 1 pour cent des chercheurs (environ une centaine) font partie de l'élite mondiale, 10 pour cent sont qualifiés d'excellents et 25 pour cent possèdent un niveau 'de qualité'.
· Près de 70 pour cent des chercheurs (6.300) ont un niveau d'activité très faible et ne recueillent que 10 pour cent du total des citations.
· Les citations des meilleurs chercheurs français dans les 12 journaux mondiaux de référence sont voisines de celles de leurs équivalents américains ou anglais.
· La France représente 5 pour cent du total des citations mondiales en sciences biomédicales contre 13 pour cent pour le Royaume-Uni et 9 pour cent pour l'Allemagne.
· L'enquête estime que ces résultats suggèrent indirectement qu'aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni le niveau de base des chercheurs est deux fois meilleur.
· Depuis 1945, la France a recueilli 14 Nobel en sciences contre 51 à l'Angleterre, 32 à l'Allemagne et 241 aux Etats-Unis.
· Entre 2000 et 2008, les étudiants choisissant les filières scientifiques sont passés de 185.000 à 150.000 (- 20 pour cent) et ceux qui ont retenu la filière biologie et géosciences sont passés de 85.000 à 70.000 (- 18 pour cent).
· En 2007, la France consacrait 570 euros par habitant à la recherche (toutes disciplines confondues) contre 1.000 euros par habitant aux Etats-Unis, 670 euros en Allemagne et 500 euros en Angleterre."
Source :
Les Echos
"Des champions hexagonaux méconnus"
"Selon l'enquête de l'Institut Necker, sur les 900 chercheurs français de niveau international, une centaine font partie de l'élite. Un petit groupe de biologistes discrets dont les noms sont méconnus du grand public.
Pierre Chambon, Guido Kroemer, Stanislas Dehaene, Christine Petit, Alain Fischer, Jean-Laurent Casanova, Didier Raoult, Michel Haissaguerre, Philippe Menasché, Louis-Alim Benabid. Qui connaît ces noms en France ? Pourquoi tout le monde est au courant des faits et gestes de Jérôme Kerviel et personne n'a entendu parler des découvertes de ces biologistes qui font tous partie des leaders mondiaux de leur discipline ? L'enquête menée par Philippe Even à l'Institut Necker classe près de 900 chercheurs des sciences de la vie (sur un total de 12.000 en poste en France) dont les travaux ont retenu l'attention de la communauté mondiale.
Ce bilan prend en compte le nombre de citations parues dans les plus grands journaux scientifiques ou médicaux du monde (tous de langue anglaise). Un progrès thérapeutique mis en évidence dans un laboratoire peut ainsi être cité quelques centaines de fois dans la littérature. Mais une découverte majeure ou un concept original fait véritablement exploser les compteurs et peut atteindre les 10.000 citations accumulées sur plusieurs années.
Ce classement établit une hiérarchie graduée en six niveaux d'excellence au sein d'une vingtaine de spécialités différentes comme la biologie moléculaire, la biologie structurale, la génomique fonctionnelle, les neurosciences, l'immunologie ou la cancérologie.
L'auteur a également signalé l'appartenance des chercheurs qui font partie du monde hospitalo-universitaire (PU-PH) ou les salariés d'un établissement public (CNRS, Inserm, CEA) ou semi-public ((Institut Pasteur, Institut Curie). Il prend également en compte le statut d'auteur principal qui marque en fait 'le vrai père' des travaux. Les premiers de la liste (niveau 1) sont toujours des chercheurs confirmés. Mais cette enquête permet également de repérer des jeunes scientifiques dont les premiers travaux ne sont pas passés inaperçus (niveaux 4, 5 ou 6).
Poids des grands
Plusieurs dizaines de chercheurs ont dépassé le seuil mythique des 1.000 citations au cours de leur carrière. Outre les chercheurs cités plus haut, on trouve parmi ces champions les habituels intervenants des congrès médicaux régulièrement mis en avant par l'organisme auquel ils appartiennent. C'est le cas de Marie France Carlier, spécialiste au CNRS des moteurs moléculaires, qui décroche 1.800 citations, Dino Moras (IGBMC de Strasbourg, 2.650), Geneviève Almouzni (Institut Curie, 1.630), Jean-Marc Egly (IGBMC Strasbourg, 1.280), Alexis Brice (Salpétrière, 2.960), Arnold Munnich (Necker, 4.050), Jules Hoffmann (IBMC Strasbourg, 3.350), Maxime Dougados (Cochin, 4.650) ou encore Yves Agid (Salpêtrière, 3.600).
Ce palmarès confirme deux tendances lourdes. Tout d'abord, la prédominance des hommes et ensuite le poids des grandes institutions. La majorité des très bons chercheurs exercent dans les grands centres nationaux. Parmi les vingt premiers sites de recherche biomédicale hexagonale toutes disciplines confondues, douze sont situés dans la région parisienne, deux à Strasbourg, deux à Marseille, deux autres à Lyon, un à Nice et un à Lille. Cette short-list comprend huit facultés de médecine (dont six parisiennes) et douze centres de recherche des grands organismes."
A. P., Les Echos
Pierre Chambon, Guido Kroemer, Stanislas Dehaene, Christine Petit, Alain Fischer, Jean-Laurent Casanova, Didier Raoult, Michel Haissaguerre, Philippe Menasché, Louis-Alim Benabid. Qui connaît ces noms en France ? Pourquoi tout le monde est au courant des faits et gestes de Jérôme Kerviel et personne n'a entendu parler des découvertes de ces biologistes qui font tous partie des leaders mondiaux de leur discipline ? L'enquête menée par Philippe Even à l'Institut Necker classe près de 900 chercheurs des sciences de la vie (sur un total de 12.000 en poste en France) dont les travaux ont retenu l'attention de la communauté mondiale.
Ce bilan prend en compte le nombre de citations parues dans les plus grands journaux scientifiques ou médicaux du monde (tous de langue anglaise). Un progrès thérapeutique mis en évidence dans un laboratoire peut ainsi être cité quelques centaines de fois dans la littérature. Mais une découverte majeure ou un concept original fait véritablement exploser les compteurs et peut atteindre les 10.000 citations accumulées sur plusieurs années.
Ce classement établit une hiérarchie graduée en six niveaux d'excellence au sein d'une vingtaine de spécialités différentes comme la biologie moléculaire, la biologie structurale, la génomique fonctionnelle, les neurosciences, l'immunologie ou la cancérologie.
L'auteur a également signalé l'appartenance des chercheurs qui font partie du monde hospitalo-universitaire (PU-PH) ou les salariés d'un établissement public (CNRS, Inserm, CEA) ou semi-public ((Institut Pasteur, Institut Curie). Il prend également en compte le statut d'auteur principal qui marque en fait 'le vrai père' des travaux. Les premiers de la liste (niveau 1) sont toujours des chercheurs confirmés. Mais cette enquête permet également de repérer des jeunes scientifiques dont les premiers travaux ne sont pas passés inaperçus (niveaux 4, 5 ou 6).
Poids des grands
Plusieurs dizaines de chercheurs ont dépassé le seuil mythique des 1.000 citations au cours de leur carrière. Outre les chercheurs cités plus haut, on trouve parmi ces champions les habituels intervenants des congrès médicaux régulièrement mis en avant par l'organisme auquel ils appartiennent. C'est le cas de Marie France Carlier, spécialiste au CNRS des moteurs moléculaires, qui décroche 1.800 citations, Dino Moras (IGBMC de Strasbourg, 2.650), Geneviève Almouzni (Institut Curie, 1.630), Jean-Marc Egly (IGBMC Strasbourg, 1.280), Alexis Brice (Salpétrière, 2.960), Arnold Munnich (Necker, 4.050), Jules Hoffmann (IBMC Strasbourg, 3.350), Maxime Dougados (Cochin, 4.650) ou encore Yves Agid (Salpêtrière, 3.600).
Ce palmarès confirme deux tendances lourdes. Tout d'abord, la prédominance des hommes et ensuite le poids des grandes institutions. La majorité des très bons chercheurs exercent dans les grands centres nationaux. Parmi les vingt premiers sites de recherche biomédicale hexagonale toutes disciplines confondues, douze sont situés dans la région parisienne, deux à Strasbourg, deux à Marseille, deux autres à Lyon, un à Nice et un à Lille. Cette short-list comprend huit facultés de médecine (dont six parisiennes) et douze centres de recherche des grands organismes."
A. P., Les Echos
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