"Selon l'enquête de l'Institut Necker, sur les 900 chercheurs français de niveau international, une centaine font partie de l'élite. Un petit groupe de biologistes discrets dont les noms sont méconnus du grand public.
Pierre Chambon, Guido Kroemer, Stanislas Dehaene, Christine Petit, Alain Fischer, Jean-Laurent Casanova, Didier Raoult, Michel Haissaguerre, Philippe Menasché, Louis-Alim Benabid. Qui connaît ces noms en France ? Pourquoi tout le monde est au courant des faits et gestes de Jérôme Kerviel et personne n'a entendu parler des découvertes de ces biologistes qui font tous partie des leaders mondiaux de leur discipline ? L'enquête menée par Philippe Even à l'Institut Necker classe près de 900 chercheurs des sciences de la vie (sur un total de 12.000 en poste en France) dont les travaux ont retenu l'attention de la communauté mondiale.
Ce bilan prend en compte le nombre de citations parues dans les plus grands journaux scientifiques ou médicaux du monde (tous de langue anglaise). Un progrès thérapeutique mis en évidence dans un laboratoire peut ainsi être cité quelques centaines de fois dans la littérature. Mais une découverte majeure ou un concept original fait véritablement exploser les compteurs et peut atteindre les 10.000 citations accumulées sur plusieurs années.
Ce classement établit une hiérarchie graduée en six niveaux d'excellence au sein d'une vingtaine de spécialités différentes comme la biologie moléculaire, la biologie structurale, la génomique fonctionnelle, les neurosciences, l'immunologie ou la cancérologie.
L'auteur a également signalé l'appartenance des chercheurs qui font partie du monde hospitalo-universitaire (PU-PH) ou les salariés d'un établissement public (CNRS, Inserm, CEA) ou semi-public ((Institut Pasteur, Institut Curie). Il prend également en compte le statut d'auteur principal qui marque en fait 'le vrai père' des travaux. Les premiers de la liste (niveau 1) sont toujours des chercheurs confirmés. Mais cette enquête permet également de repérer des jeunes scientifiques dont les premiers travaux ne sont pas passés inaperçus (niveaux 4, 5 ou 6).
Poids des grands
Plusieurs dizaines de chercheurs ont dépassé le seuil mythique des 1.000 citations au cours de leur carrière. Outre les chercheurs cités plus haut, on trouve parmi ces champions les habituels intervenants des congrès médicaux régulièrement mis en avant par l'organisme auquel ils appartiennent. C'est le cas de Marie France Carlier, spécialiste au CNRS des moteurs moléculaires, qui décroche 1.800 citations, Dino Moras (IGBMC de Strasbourg, 2.650), Geneviève Almouzni (Institut Curie, 1.630), Jean-Marc Egly (IGBMC Strasbourg, 1.280), Alexis Brice (Salpétrière, 2.960), Arnold Munnich (Necker, 4.050), Jules Hoffmann (IBMC Strasbourg, 3.350), Maxime Dougados (Cochin, 4.650) ou encore Yves Agid (Salpêtrière, 3.600).
Ce palmarès confirme deux tendances lourdes. Tout d'abord, la prédominance des hommes et ensuite le poids des grandes institutions. La majorité des très bons chercheurs exercent dans les grands centres nationaux. Parmi les vingt premiers sites de recherche biomédicale hexagonale toutes disciplines confondues, douze sont situés dans la région parisienne, deux à Strasbourg, deux à Marseille, deux autres à Lyon, un à Nice et un à Lille. Cette short-list comprend huit facultés de médecine (dont six parisiennes) et douze centres de recherche des grands organismes."
A. P., Les Echos
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