L'Institut national du cancer visé par une série de critiques

"Moins d'un an après sa création, l'Institut national du cancer (INCA) est secoué par un vent de critiques. Relayées le 3 mars par Le Figaro, celles-ci visent d'une part une supposée 'volonté d'hégémonie' de l'INCA ainsi que de son président, le professeur David Khayat, et contestent d'autre part le fonctionnement du conseil scientifique. Par ailleurs, un document, signé du seul prénom 'Noëlle', accompagné d'une adresse électronique en Nouvelle-Zélande, porte des accusations sur le train de vie de l'institut et dénonce un recrutement qui serait marqué au sceau du népotisme.

Lancé le 23 mai 2005, l'INCA a été conçu comme la tour de contrôle de l'ensemble du dispositif de lutte contre le cancer en France, comprenant notamment sept cancéropôles au niveau régional".

"Président de l'Institut Curie et du cancéropôle Ile-de-France, le professeur Claude Huriet s'interroge sur l'indépendance des cancéropôles vis-à-vis de l'INCA. Il réclame une concertation, 'jusqu'ici trop timide', et 'de la transparence là où le dialogue est encore insuffisant, notamment dans l'attribution des financements'.

La direction de l'Institut dénonce le fait que 'dans le cadre des financements des contrats attribués aux équipes, l'INCA exige de pouvoir être l'employeur des chercheurs, ce qui le rendrait de fait propriétaire des résultats et lui permettrait de bénéficier des retombées commerciales de ces programmes de recherche'. Elle réclame 'une garantie d'indépendance du conseil scientifique de l'INCA, qui n'est pas aujourd'hui assurée, malgré la demande de certains membres', dont le professeur Daniel Louvard, vice-président dudit conseil.

ABSENCE DE VOLONTÉ D'HÉGÉMONIE

Le professeur Khayat rejette ces accusations. 'Dans ce combat où l'enjeu est la vie et la mort de centaines de milliers de gens, il n'est pas anormal qu'une réforme aussi profonde que celle du plan cancer provoque quelques tensions, dit-il. L'INCA est là pour définir une ambitieuse politique nationale et établir un véritable partenariat, dans un cadre conventionnel, avec les cancéropôles. Ces derniers auront de plus en plus d'autonomie à l'avenir'. Le professeur rappelle que l'INCA ne possède ni chercheurs ni laboratoire et n'est pas l'employeur des équipes de recherche. Pour attester de l'absence de volonté d'hégémonie, le professeur Khayat cite l'accord-cadre avec l'Inserm, annoncé le 2 mars, afin d'unir leurs efforts.

S'agissant de l'indépendance du conseil scientifique, son président, le professeur Dominique Maraninchi souligne qu''à la différence des conseils scientifiques d'organismes de recherche, celui de l'INCA est extérieur. Il évalue les programmes de l'INCA et le conseille, mais il ne gère pas les appels d'offres'. Le professeur Khayat souligne par ailleurs l'importance des contrôles auxquels est soumis l'INCA : 'Nos comptes sont vérifiés par un commissaire aux comptes, par un agent comptable et par un contrôleur d'Etat, sans oublier le contrôle de la Cour des comptes et de l'Inspection générale des affaires sociales. Nous n'avons pas de chéquier.'

Faisant référence au document signé 'Noëlle', le professeur Khayat dément les accusations formulées : 'Je suis bénévole à l'INCA. L'ensemble de mes frais remboursés pour l'année 2005 n'atteint pas 2 000 euros. Quant aux recrutements, ils ont tous fait l'objet de fiches de postes et d'une grille de salaire établies par le ministère des finances.' Il indique avoir déposé plainte pour 'diffamation'."

Source :
Le Monde
Article de Paul Benkimoun

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