"Avec un léger retard sur le calendrier, le président de la République, Jacques Chirac, va célébrer, par une allocution à l'Elysée, jeudi 27 avril, le troisième anniversaire du Plan cancer. Le 24 mars 2003, il avait dévoilé les grandes lignes de ce programme ambitieux mobilisant un demi-milliard d'euros sur cinq ans. Aujourd'hui, malgré des nuances, le bilan est jugé plutôt positif. Jamais en France, un tel élan politique et de tels moyens financiers n'avaient été réunis. Même s'il reste beaucoup à faire, ce plan a marqué un tournant."
"Environ 300 000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués chaque année en France, près de 150 000 décès sont dus à cette maladie et plus de 700 000 personnes sont sous traitement anticancéreux. Des chiffres accablants qui avaient conduit Jacques Chirac, dans son discours du 14 juillet 2002, à déclarer la lutte contre le cancer priorité nationale.
Le plan avait trois ambitions : 'Rattraper notre retard en matière de prévention et de dépistage, offrir à chaque malade la qualité des soins et l'accompagnement humain auxquels il a droit, donner une impulsion décisive à la recherche.' L'ensemble était articulé autour de six grands axes - prévention, dépistage, soins et innovations, social, formation et recherche -, déclinés en 70 mesures.
Dès le lancement du plan, le volet prévention a été mis en avant avec un effort d'amélioration du système de veille épidémiologique à l'échelle nationale en liaison avec l'Institut de veille sanitaire et un Observatoire des cancers a été créé. S'y sont ajoutées des mesures antitabac : le prix du paquet de cigarettes a augmenté de 42 pour cent entre le 1er janvier 2003 et le 1er janvier 2004 et la vente aux mineurs a été interdite. Une politique freinée, depuis, sous la pression des buralistes. Avec l'Institut national de prévention et d'éducation à la santé (Inpes), des campagnes annuelles de prévention sur les dangers du tabac, de l'alcool, de l'exposition au soleil et d'une mauvaise nutrition ont également été lancées.
En matière de dépistage, le premier succès a été la généralisation à l'ensemble du territoire du dépistage gratuit du cancer du sein par la mammographie pour les femmes de 50 à 74 ans, devenu effectif au 1er janvier 2004. La même année, 22 départements participaient à une expérimentation similaire pour le cancer colorectal, laquelle devrait aboutir, selon le ministère de la santé, à la généralisation de son dépistage début 2007. Depuis 2005, le dépistage d'autres cancers (col de l'utérus, mélanome...) a été renforcé.
Parallèlement, un effort important d'équipement en matériels lourds, en imagerie et en radiothérapie, domaines où la France était en retard, a été fourni grâce aux contributions de l'assurance-maladie et du plan d'aide à l'investissement 'Hôpital 2007'. Les objectifs d'accroissement du parc d'appareils d'imagerie, quantifiés dans le plan, sont désormais atteints avec, à la clé, une réduction significative des délais d'attente. Pour une IRM, ils atteignaient 27,6 jours en moyenne en 2005, contre 43,6 jours deux ans auparavant.
La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2004 a levé les obstacles à l'accès aux traitements innovants en prévoyant la prise en charge de médicaments anticancéreux, hors tarification à l'activité, dans les établissements de santé. De même, le programme de soutien aux technologies innovantes, lancé en 2000 par la direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins et géré depuis 2005 par l'Institut national du cancer (INCA), a permis de soutenir 22 projets.
De nombreuses mesures d'accompagnement social et humain, de l'ouverture du Numéro Azur Cancer Info Service (0810-810-821) au développement des soins et de l'hospitalisation à domicile, ont été mises en place.
Le 23 mai 2005, l'INCA était officiellement lancé, avec pour vocation d'être une 'tour de contrôle' du dispositif de lutte contre le cancer en France. Le professeur David Khayat en est le président, le professeur Dominique Maraninchi préside son conseil scientifique. Malgré les récents remous autour du management de l'Institut et les relations avec les cancéropôles (Le Monde du 14 mars), un nouvel essor a été donné. La création de sept cancéropôles a permis de faire travailler dans une même région des chercheurs qui oeuvraient séparément.
L'originalité du Plan cancer est aussi d'avoir été élaboré avec les associations de patients. C'est dans le domaine de l'organisation des soins que l'empreinte des patients et de la Ligue nationale contre le cancer est le plus perceptible. 'Après une phase d'expérimentation, le dispositif d'annonce du diagnostic au malade, avec notamment une consultation longue où on prend le temps de répondre à toutes ses questions, est en cours de généralisation, explique le professeur Henri Pujol, président de la Ligue. L'objectif est qu'en 2007 tout malade bénéficie d'un soutien psychologique et social.'
Parallèlement, l'élaboration par l'INCA de critères d'agrément pour la prise en charge de chaque type de cancer 'va constituer le socle d'une égalité des citoyens dans l'accès à des soins de qualité', résume le professeur Pujol. Dans son travail avec le département des soins de l'INCA, la Ligue a insisté sur l'introduction de critères qualitatifs comme l'existence d'un dispositif d'annonce du diagnostic, d'un travail en réseau, d'une réunion de concertation pluridisciplinaire ou de soins de support tout au long de la maladie. Elle expérimente aussi, dans six départements, un dispositif d'aide au retour à la vie quotidienne."
Source :
© Le Monde
Article de Paul Benkimoun
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